J'ai rêvé de Stéphane : je le retrouvais, j'avais en mains quelque chose, des liasses de papier peut-être, mon travail. J'étais content de le revoir, pour lui dire tu vois, mon séjour à l'IFEA, après si longtemps, continue de me nourrir, tu ne m'as pas fait venir pour rien. Stéphane n'a rien dit, il a peut-être souri, je ne sais plus.
Je me suis réveillé troublé, comme chaque fois qu'on rêve d'un proche décédé.
J'ai connu Stéphane en 1989, et c'est lui qui est devenu mon directeur de thèse.
Il m'a bien orienté, bien conseillé, bien accueilli, et bien aidé. Mes trouvailles, mes résultats, le mettaient souvent en joie. Nous aimions rire ensemble. Mon côté plouc et mon attirance pour les ploucs, cela lui plaisait je crois, et il avait compris que cela m'avait induit vers une approche renouvelée de la Turquie.
Stéphane, en tant qu'historien, était plutôt classique, il était un érudit, l' « impeccable érudit stambouliote », comme l'a écrit quelqu'un. Mais en tant que directeur de thèse, il savait admettre de ses étudiants des approches nouvelles, des paradigmes de lui inconnus. Il m'a souvent dit qu'il aimait apprendre de ses étudiants.
Nous avions presque le même âge. Nous avons partagé, avec Belkıs et Claire, beaucoup de moments de complicité, de franches rigolades, y compris lors de leurs visites dans notre maison de Saint-Dié.
Puis, quand nous avons dû travailler ensemble, ce fut moins facile, quand nos différences de perception touchaient à des problèmes d'organisation, de travail en équipe...
Après l'IFEA, mon retour au lycée, j'ai boudé Paris, les Parisiens et tout ce que cela représentait à mes yeux. Nous nous sommes presque perdus de vue, avant de nous retrouver chaleureusement en janvier 2005... six mois avant son décès inattendu.
Stéphane, le travail que j'essaie de poursuivre laborieusement dans ce blog, c'est en ta mémoire aussi.