L'instrumentalisation de l'islam par le MHP conduit à l'élargissement du concept de racisme et à l'éclatement d'un consensus créé par le système ottoman des millet, dans lequel seule comptait l’appartenance religieuse ; désormais, il faut l'appartenance à la religion et à la race, et la non-fidélité à la race entraîne l'accusation d'apostasie. C'est la synthèse turco-islamique poussée à bout.
En cette fin d'année 2015, lorsque les « forces de sécurité » turques se retirent des villes kurdes soumises au couvre-feu et à leur violence, de nombreux murs sont recouverts d'inscriptions victorieuses comme « L'Etat est là ! », « Le Turc est partout ! », « Vous allez voir la force du Turc ! ». Elles caractérisent la vision de la population kurde par l'Etat : des ennemis à soumettre, des villes étrangères à conquérir, et cette vision se confond entièrement avec celle du Parti du mouvement nationaliste (Milliyetçi Hareket Partisi, MHP).
Un autre message, constitué par les nombreux « tags » du triple croissant, symbole de ce même parti, est plus clair encore : les troupes de choc sont infiltrées, voire contrôlées, par le MHP, et les autorités laissent faire. Le MHP n'est pas au pouvoir, il est même très minoritaire (11 % des suffrages le 1er novembre 2015) mais il semble que la situation de guerre qui prévaut fin 2015 au Kurdistan turc lui permette d'exercer une forte influence sur le gouvernement. Il se dit nationaliste, je le qualifie d'ultra-nationaliste, car le nationalisme est un principe officiel et intangible de l'Etat turc, et ces extrémistes, prenant au mot le discours déjà très dur de l'Etat, ne font que porter un peu plus loin l'idéologie officielle. Au cours des quarante dernières années, le MHP a été en effet le parti le plus constamment et fermement engagé dans la lutte contre les « séparatistes » kurdes ; il s'agit d'un triste facteur de permanence dans la vie politique turque contemporaine.
Pour comprendre le rôle de ce parti tantôt très influent, tantôt marginalisé, mais toujours présent dans la vie politique depuis un demi-siècle, il faut revenir en arrière, sur son histoire et sur le parcours de son chef historique.
Alparslan Türkeş (1917-1997)
Alparslan Türkeş (prononcer « Turkech ») est né à Chypre dans une famille originaire de Kayseri (Anatolie centrale). Il fait ses études au lycée militaire d'Istanbul, puis à l'Ecole de guerre d'où il sort lieutenant en 1939. La Turquie est alors, plus que jamais, sous l'influence des thèses racistes prônées par Atatürk et son entourage, puis par son successeur, le « chef national » Ismet Inönü. Mais la doctrine du « pacte national » de 1920 prévaut toujours : Atatürk a renoncé très tôt au rêve panturquiste des premiers nationalistes turcs, le territoire de la république est fixé, la Turquie ne revendique rien, aucune proie n'est proposée aux nationalistes extrémistes.
Or, Alparslan Türkeş est sous l'influence de Nihal Atsız, le penseur panturquiste des années quarante. Admirateur de Hitler, il rêve d'une grande Turquie, du règne du peuple turc, supérieur à tous égards, sur le monde. D'autres extrémistes sont partis en Allemagne observer la « révolution » nazie et rapportent des idées qui ont certainement influencé Türkeş. Celui-ci réclame dans ses écrits de l'époque une politique nataliste contraignante, interdisant le célibat et instaurant des pénalités pour les femmes qui auraient moins de trois enfants.
Le cadre des frontières anatoliennes paraît insupportable à ces extrémistes, qui font pression pour une intervention dans la guerre aux côtés de l'Allemagne. Le 3 mai 1944, un groupe manifeste à Ankara, dénonçant le régime d'Inönü comme « dégénéré » et par trop sous l'influence des communistes. Les meneurs du groupe, parmi lesquels Atsız et Türkeş, sont arrêtés. Ils passent une année en prison, puis sont tous acquittés, et Türkes continue de professer un nationalisme radical, la supériorité de la race turque et sa vocation à dominer le monde.
Türkeş vit dans un pays fortement imprégné par le nationalisme, mais il juge que cela ne suffit pas. La Turquie, selon lui, est « cosmopolite, américanisée, snob et dégénérée par le communisme qui se répand peu à peu parmi nos enfants ».
L'épisode de 1944 ne nuit pas à sa carrière militaire, bien au contraire : il est promu officier d'état-major, avec le grade de colonel. Sa carrière se déroule alors à la limite de l'armée et de la diplomatie, puisque, après des études complémentaires aux Etats-Unis (école de guerre et faculté d'économie), il est jusqu'en 1957 membre du Groupe permanent qui représente l'état-major turc à Washington. Envoyé ensuite en Allemagne en 1959 pour recevoir une formation dans le domaine nucléaire, il fait partie de différentes instances de l'OTAN et représente également l'état-major turc au cours des grandes manœuvres de l'alliance.
La Turquie est passée, en 1945, au multipartisme, et c'est le Parti démocrate (DP), non kémaliste, conservateur-religieux, qui l'emporte en 1950, avec Adnan Menderes comme premier ministre. Celui-ci multiplie les mesures jugées contraires à la laïcité, et se montre de plus en plus autoritaire. Le 27 mai 1960, un groupe d'officiers menés par Türkeş le renverse. Aujourd'hui encore, les kémalistes ne parlent pas de « coup d'Etat » mais de « révolution » (ihtilâl), ou de simple « intervention » progressiste au-dessus des partis. Un Comité national prend le pouvoir ; Türkeş en est officiellement un simple membre, mais c'est lui qui exerce de facto les fonctions de premier ministre. Le Comité adopte des mesures autoritaires, épure l'armée et les universités, mais aussi jette les bases d'une sécurité sociale et de la planification. Türkes est sur le point de devenir un homme d'Etat mais en novembre 1960, il est destitué par le président de la République, éloigné à l'étranger, avec treize autres membres du Comité jugés trop autoritaires, et demeure en poste à l'ambassade de New-Delhi jusqu'en février 1963.
Les auteurs du coup d'Etat du 27 mai 1960. Le colonel Türkeş, en uniforme, est au centre de la photo. Cliché publié dans Akşam, 4 avril 1998
Le 20 mai 1963, une tentative de coup d'Etat ultra-nationaliste est déjouée. Soupçonné, Türkeş est à nouveau arrêté, jugé et acquitté. Il commence alors une carrière politique au sein d'un petit parti de droite, le Parti national républicain et paysan (Cumhuriyetçi Köylü Millet Partisi, CKMP). Avec le soutien de milieux religieux et de groupes anti-communistes (Komünizmle Mücadele Dernekleri) il étend son influence et devient président du parti en 1965. Comme Hitler avec le NSDAP, il a détourné le CKMP à son profit. Sous la pression, ceux qui ne l'ont pas soutenu quittent le parti, qui prend le nom en 1969 de Parti du mouvement nationaliste (Millî Hareket Partisi, MHP). La vie d'Alparslan Türkeş se confond désormais avec l'histoire de son parti.
Le MHP
Türkeş n'est pas un petit aventurier. Il est fort de solides études (économie, stratégie, nucléaire), de son expérience d'officier – mais qui n'a jamais combattu – et d'une certaine connaissance du monde : les Etats-Unis, l'Europe, l'OTAN, l'Inde.
Son parti est organisé militairement, solidement hiérarchisé avec une prééminence absolue du chef à qui est dévolu un culte tel que n'en ont pas connu les autres partis politiques turcs. Il se fait désigner comme le Basbug (prononcer « bachboû »), un titre de chef de milice hérité de l'époque ottomane, qui avait été épisodiquement conféré à Atatürk et à Ismet Inönü par leurs zélotes. Le symbole du parti est le drapeau aux trois croissants sur fond rouge, tandis que le loup gris est l'emblème des Foyers idéalistes (Ülkücü ocakları), sa formation de pointe qui sert aussi de milice.
Le programme du parti, dès l'époque du CKMP, est fondé sur les « neuf lumières » (dokuz ısık), un ensemble de principes très vagues qui, de l'aveu même de Türkeş, est inspiré des « six principes d'Atatürk ». Certains sont très clairs comme le nationalisme (milliyetçilik), la morale (ahlakçılık), le développement de la connaissance (ilimcilik), le soutien aux paysans et ruraux (köycülük), le développement industriel (endüstricilik ve teknikçilik). L' « idéalisme » (ülkücülük) désigne en fait l'idéal ultra-nationaliste et fait double emploi avec milliyetçilik ; le double principe « développement et populisme » (gelismecilik ve halkçılık) inclut un des principes d'action et de propagande fondamentaux du fascisme et peut s'interpréter comme le bien-être pour tous mais aussi la mobilisation exigée de tous ; dans un autre doublon, « liberté et individualisme » (hürriyetçilik ve sahsiyetçilik), le second terme limite l'étendue du premier. Enfin le principe « toplumculuk », « socialisme », marque, par adjonction à « nationalisme », la référence à l'idéal nazi, mais le mot utilisé pour désigner le concept, différent de l'habituel sosyalizm (et par extension nasyonal-sosyalizm) a servi à se démarquer, bien maladroitement, du nazisme.
Ce programme est un mélange de principes kémalistes et fascistes. La référence implicite au kémalisme a deux sens. D'une part, elle sert de légitimation, car un mouvement se référant à Atatürk est en principe inattaquable, et d'ailleurs il est quasiment obligatoire de s'y référer. Mais d'autre part, elle fait du MHP un enfant naturel du kémalisme, en poussant à bout certains de ses principes. Il n'y a en réalité rien d'antagoniste entre le MHP et le kémalisme, en ce que ce dernier est né comme une métastase des régimes totalitaires des années vingt et trente, avec pour principes le nationalisme, le populisme, le racisme ou la xénophobie, la limitation des libertés individuelles, une politique violente et prédatrice à l'encontre des minorités, la mobilisation des masses, l'exaltation du progrès et de la science, le parti unique. Le kémalisme en ses débuts n'est pas autre chose qu'une copie du fascisme italien. Les étudiants des écoles militaires turcs sont gavés des principes kémalistes, et la filiation entre l'entreprise de Türkeş et celle de Mustafa Kemal n'est pas étonnante. L'image d'accueil de nombreuses pages Facebook du MHP, Atatürk figure entre Alparslan Türkeş et le président actuel du MHP, Devlet Bahçeli.
Sur la page d'accueil du groupe MHP'li Ülküdaşlar sur Facebook. Au milieu d'une imagerie ottomane, (de gauche à droite) Devlet Bahçeli, président actuel du MHP, Atatürk, et Alparslan Türkeş
Dans les statuts du parti et dans les écrits de Türkeş, l'idéologie du MHP est présentée comme une « troisième voie » s'écartant du communisme et du capitalisme. Prétendant limiter le rôle du capitalisme, Türkeş préconise un contrôle partiel de l'économie ; mais en réalité, il entrevoit une société mise à disposition de l'entreprise, le contrôle de l'économie se faisant dans un seul sens ! C'est avant tout la classe ouvrière qui doit être contrôlée, et pour ce faire le droit de grève doit être limité voire supprimé. Chaque branche d'activité n'aura qu'un seul syndicat obligatoire : c'est une copie du corporatisme fasciste. Pour ce qui est de l’agriculture et des paysans, Türkeş prévoit des agrovilles (tarım kentleri) permettant un contrôle centralisé de la main-d'oeuvre, et sa régulation, les bras temporairement inutiles étant redirigés vers l'industrie – une idée qui a connu un commencement de réalisation dans le sud-est de la Turquie à la fin du XXe siècle. Le système des aghas et la structure tribale sont acceptés au nom de la tradition (töre). Le MHP est donc un parti ultra-réactionnaire sur le plan social. Le principe d'égalité lui-même est rejeté. Les différences de niveaux de vie, d'aptitudes, en somme les inégalités sociales, sont naturelles et nécessaires car ont été voulues par Dieu.
Alparslan Türkeş (debout, au centre) parmi un groupe d'activistes du MHP (ülkücü). Le cliché date du 8 mai 1971, publié par le quotidien Türkiye le 12 avril 1997
Le « trésor de représentations »
Les Turcs ayant été dans l'histoire une « nation dominante » (efendi millet), le MHP veut un retour à la puissance et à l'hégémonie ; la Turquie doit retrouver son rôle historique. Il préconise, comme on l'a vu, des mesures autoritaires pour favoriser la natalité, légitimées par la tradition millénaire (töre), celle des Huns, des Turcs célestes d'Asie centrale, sociétés dont la Turquie doit s'inspirer. Le lieu mythique de ces « idéalistes » est la chaîne des Monts célestes (Tanrı Dağı ou Tien-Shan) en Asie centrale, où le Loup gris légendaire aurait protégé les premiers Turcs, établis dans les forêts d'Ergenekon et d'Ötüken et fondateurs de l'empire des Turcs célestes (Göktürk) sur les rives de la rivière Orkhon (Orkun). Tous ces toponymes sont devenus des noms de mouvements, de groupes extrémistes, de revues racistes (Tanrıdağ, Orkun, Ötüken sont des noms de revues des années quarante à soixante dans lesquelles écrivait Atsız), et aujourd'hui de sites Internet ou de pages Facebook – souvent ornée d'une impressionnante montagne qui n'est autre que le Cervin ! - où se retrouvent militaristes, fascistes et racistes anti-Kurdes.
Le MHP n'a pas beaucoup d'efforts à faire pour sa propagande, tant les manuels d'histoire, depuis 1931, sont empreints de l'idée de gloire, de grandeur, d'expansion, d'hégémonie et glorifient, dans de longs et multiples chapitres, les grands « empires » asiatiques, depuis les Huns jusqu'aux empires continentaux de Gengis Khan et de Tamerlan. Türkeş n'a qu'à puiser dans ce réservoir, et c'est en cela aussi que le kémalisme, par l'éducation qu'il propose à sa jeunesse, fait le lit des idéologies autoritaires (voir mon ouvrage Espaces et temps de la nation turque et mes nombreux articles sur ce sujet sur le site independant.academia.edu).
Population forte et tropisme asiatique : la combinaison des deux a incité les mouvances droitières, dès les années 1970, à se tourner vers les « peuples esclaves » de l'URSS et de la Chine, les « Turcs de l'extérieur », Ouïghours, Kazakhs, Ouzbeks, Tatars, Turkmènes. Ils deviennent en 1991 des peuples-frères ayant besoin d'un « grand-frère ». Le MHP, à cette époque, exerce une très grande influence sur les autres partis et sur l'Etat en encourageant une politique extérieure tournée vers l'aire post-soviétique, voyant en l'époque celle du « grand réveil » de la nation turque, « de l'Adriatique à la muraille de Chine ». Beaucoup d'hommes politiques turcs, y compris à gauche, se sont laissés prendre à cette politique en y voyant aussi un moyen de tourner le dos à l'Europe qui fait grise mine à la Turquie.
« Turc, tremble et reviens à toi ! (Türk, titre ve kendine dön !) ». Cette injonction est une traduction libre des inscriptions lapidaires de l'Orkhon, en Mongolie, le premier texte écrit en langue turque (VIIIe siècle) dans les terres de la légendaire Ergenekon. La devise est celle de tous les mouvements nationalistes turcs, elle a été mise en avant par l'éducation kémaliste et préconise un retour aux sources, à la culture des steppes, à la rigueur et à la frugalité des origines. C'est pourquoi l'imagerie nationaliste est émaillée de portraits imaginaires d'anciens kaghans, de cavaliers huns, et le symbole omniprésent est celui du Loup Gris.
Le Loup gris et les Monts célestes dans l'imaginaire d'extrême-droite. Photo publiée sur une page Facebook de militants du MHP
Au cours des années 1990, les rassemblements du MHP ont lieu sur les hauts-plateaux du mont Erciyes, près de Kayseri, en Anatolie, dans des paysages censés rappeler les steppes d'Asie centrale. En référence à cet espace/temps, au cours des années 1970, les troupes de choc du MHP étaient dénommées « unités de tentes » (oba üniteleri) ; et un authentique fasciste turc se devait de porter la moustache tombante, celle qui était supposée orner le visage des Huns. Les rassemblements de l'Erciyes – dont la 25e édition a eu lieu le 1er août 2015 - dénommés « kurultay » en référence aux assemblées des anciens Turcs (qui auraient ainsi inventé la démocratie pour l'offrir au monde) sont savamment mis en scène pour rappeler le temps rêvé ; ils se tiennent en août, « mois des victoires », double référence à des passés sacralisés. En effet c'est en août 1071 que le sultan Alparslan – coïncidence de nom avec Alparslan Türkeş - a vaincu l'armée des Byzantins à Malazgirt, au nord du lac de Van, capturé l'empereur, et ainsi ouvert l'Anatolie aux Turcs et à l'islam, un exploit dans l'islamisation qui surpasse ceux des Arabes. Et c'est en août 1922 que Mustafa Kemal a lancé la « grande offensive » contre l'occupant grec. Pour remonter plus loin dans le passé, le mot kurultay ne suffisant pas, les rassemblements se font dans 24 grandes tentes qui symbolisent les 24 tribus turques du passé. L'accompagnement musical de la journée est assuré par des mehteran, ces cliques de musique militaire ottomane, en costumes d'époque : pour le MHP, et cela constitue une différence de taille avec l'imaginaire kémaliste, la période ottomane est valorisée, saluée, cultivée. Les mets servis aux participants se doivent d'être « traditionnels », « authentiquement turcs » : pilaf de boulghour à la viande, yufka accompagnés d'ayran. L'ensemble constitue ce que Freud dénommait joliment un « trésor de représentations », très riche, et surtout répandu dans toute la société par l'école.
Dans leur discours, les dirigeants et les soutiens du MHP, comme les chroniqueurs qui s'expriment dans Türkiye, discutent également du passé plus proche, celui de l'événement fondateur de 1944, celui des violentes années 1970. Ce passé justifie à leurs yeux le caractère « extrême » de la droite, le caractère « ultra » du nationalisme. Pour Ayhan Songar (décédé en 1997), psychiatre, théoricien de la droite et chroniqueur, ce sont en effet « les extrémistes du passé qui ont créé la Turquie depuis 2000 ans, qui l'ont faite musulmane depuis mille ans, qui lui ont donné des Fatih [vainqueurs] qui ouvrent et ferment les âges historiques » ; on n'a pas oublié les héros de 1944, poursuit Songar dans sa chronique du 29 mars 1996, qui sont les continuateurs de ces âges historiques.
Et quelques jours plus tard, un autre chroniqueur du quotidien Türkiye, Yavuz Bülent Bakiler, défend les « héros » qui ont suivi ceux de 1944, les activistes d'extrême-droite des années 1970, auteurs, à l'instigation du MHP, de centaines d'assassinats politiques ; « Cinq mille de nos jeunes sont tombés parce qu'ils barraient la route au marxisme, une tâche délaissée par la police et l'armée » ; injustement, ils ont été pourchassés lors du coup d'Etat en 1980, « jetés en prison comme des marxistes ». Et le ciment qui lie ces héros et leurs actes est un nationalisme lui-même conforté par l'islam, sans lequel la nation ne pourrait exister ; c'est le dogme de la synthèse turco-islamique, repris à son compte par le MHP et diffusé sans relâche par le quotidien Türkiye et notamment sous la plume du littérateur Ahmet Kabaklı (décédé en 2001) : « Le drapeau, la terre, la nation sont des mots symboliques. Leur contenu réel est : langue, religion, histoire, tekbir [affirmation de l'unicité de Dieu] » ; et Kabaklı, après avoir cité une litanie de saints et de héros, conclut : « La sacralité [de la nation] est dans leur tombe, et dans ce qu'ils nous ont légué : les coutumes, la töre. La patrie, c'est notre culture nationale ».
L'événement de 1944 est commémoré chaque année en mai par les sympathisants du MHP et du BBP (un autre parti d'extrême-droite), les « idéalistes » et autres « turquistes ». Ainsi en 1996, ils défilent dans les grandes villes, brûlent les fanions des partis d'extrême-gauche et du PKK. A Istanbul, on se rend sur les tombes d'Atsız et de Gökalp, et les « martyrs » tombés face au PKK sont honorés. Discours et actes symboliques, en l'occurrence, reflètent les objectifs du MHP, dont le premier est la lutte contre le « terrorisme » et le « séparatisme ». Si les icônes du nationalisme kémaliste sont mobilisés (hymne national, portraits d'Atatürk), le MHP rend également hommage au passé ottoman : concert de mehteran et commémoration du sultan Beyazit par exemple en 1996.
Le MHP, la violence et la guerre
L'influence du MHP est extrêmement forte sur la conduite de la guerre contre le PKK. Le parti, depuis ses débuts, est radicalement opposé à toute différence entre les groupes ethniques ou religieux en Turquie, en ce sens que tous doivent s'assimiler et devenir « turcs ». La doctrine kémaliste ne dit pas autre chose avec son slogan « Quel bonheur pour celui qui se dit turc ! » - c'est d'ailleurs la devise d'Ortadoğu, organe du MHP. Ceux qui ne jouent pas le jeu de l'assimilation, Kurdes et Alévis sont, après les communistes, les cibles principales du MHP. Il n'y a pas de Kurdes dans la vision du parti, et le mouvement « séparatiste » est dénoncé comme une entreprise de l'impérialisme occidental pour affaiblir la Turquie. Aussi, le MHP a toujours préconisé la violence et la lutte armée comme la solution au « problème » kurde.
Lors du kurultay de 1996, Türkes avait proclamé : « L'avenir de la grande nation turque est brillant. Tous les obstacles auront disparu : les séparatistes, les conspirateurs seront anéantis ». Et de s'indigner qu'on ose défendre les droits humains et juridiques des séparatistes emprisonnés, des « tueurs de bébés, de femmes, de vieillards ». Lors d'une conférence de presse, il dénonce encore les « séparatistes » et, implicitement, estime qu'il vaut mieux les tuer que les héberger dans des prisons qui sont des « états-majors du terrorisme » ; il dénonce les Etats qui alors leur accordent refuge, la Grèce, la Syrie qui tolère des camps d'entrainement dans la Bekaa ; il dénonce la négociation qui a permis de sauver plusieurs prisonniers, le mois précédent, d'une mort par grève de la faim : « Comment pourrait-on les contrer si ce n'est par les armes ? ».
L'osmose entre le MHP et les « forces spéciales » est claire ; les membres de ces milices adoptent le style des gros bras du MHP, en particulier la moustache tombante des Loups gris. L'osmose est si voyante qu'en février 1998, la Direction générale de la Sûreté imposait aux miliciens de raser leur moustache.
Le choix de s'engager résolument contre les « séparatistes » résulte de l'idéologie guerrière, militariste et machiste du MHP ; mais en retour, la guerre contre le PKK, puis contre l'ensemble du peuple kurde, consolide le militarisme et le culte de la violence au sein du parti, qui ne se contente pas d'encourager l'Etat dans l'usage de la force, mais en fait usage lui-même, en particulier par l'assassinat politique.
Les "idéalistes" du MHP aiment ce genre d'image. Armes lourdes, signe du loup et salutation musulmane. Source: page Facebook de Ülkücülerin Haber Merkezi
Le parti se dote de moyens. Financiers : il contrôle des sociétés commerciales et des fondations (vakıf) qui drainent l'argent ; pour assurer le contrôle, les dons sont versés personnellement à Türkeş et non au parti, de sorte que Türkeş tisse des liens personnels étroits avec le monde des affaires, le patronat, et le monde interlope. Un réseau: le MHP a tissé une toile, au point que ses membres le désignent souvent comme « l'organisation ». Elle comporte des branches dont la plus importante est le Foyer des idéalistes (Ülkü Ocakları, fondé en 1965). Par le biais d'associations professionnelles, le parti a la main sur certains secteurs, notamment la police avec l'Ülkücü Polisler Birliği (Pol-Bir). En Europe, plus de cent associations sont affiliées au MHP ; elles sont regroupées dans l'Avrupa Demokratik Ülkücü Türk Dernekleri Konfederasyonu, fondée en 1978 (dite ensuite Türk Federasyon). Le parti a ses organes de presse : Hergün, Ortadoğu, Bayrak, Millet, et le puissant quotidien Türkiye diffuse chaque jour l'idéal ultra-nationaliste teinté d'islam, en Turquie et en Europe grâce à son édition de Francfort.
Le MHP , la politique, la mafia
De mars 1975 à juin 1977, grâce à un modeste succès électoral du MHP (trois députés), Türkeş se hisse au rang de vice-premier ministre dans les cabinets de Front national (Milliyetçi Cephe) avec Süleyman Demirel comme premier ministre. Puis, toujours avec Demirel, dans le second Front national de juillet 1977 à janvier 1978. Cette fois le gouvernement compte cinq ministres du MHP, qui a obtenu plus de 10 % des voix dans seize départements, notamment dans les régions où vit une forte minorité alévie (Sivas, Yozgat, Erzincan) et dans les départements islamistes conservateurs comme Çankırı, Kırşehir ou Niğde. Demirel a couvert la montée du MHP et surtout couvert ses crimes ; en janvier 1979, il aurait prononcé cette phrase célèbre : « Vous ne me ferez pas dire qu'un nationaliste est un assassin (Bana milliyetçiler cinayet işliyor dedirtemezsiniz) » (Aydınlık, 3 janvier 1979).
A la suite du coup d'Etat du 12 septembre 1980, le MHP est fermé comme tous les partis, et Alparslan Türkeş emprisonné et jugé sous l'accusation d'atteinte à la sûreté de l'Etat, de projet de renversement du système constitutionnel, de détournement de fonds, et de l'organisation de plus de 600 assassinats (c'est le chiffre de l'acte d'accusation mais il est probable qu'ils se montent à plusieurs milliers) dont celui du journaliste Abdi Ipekçi et du président du syndicat DISK Kemal Türkler.
En 1981, Türkeş est condamné à mort, puis sa peine est commuée en onze ans de détention ; il est enfin acquitté en avril 1985 et peut reprendre la vie politique en 1987. Son parti, d'abord sous le nom Parti nationaliste du travail (Millî Çalısma Partisi), puis à nouveau MHP, reste souvent sous la barre des 10 % aux élections générales, jusqu'au succès de 1999, après la mort du fondateur (avril 1997), avec 17 % et 129 députés. La période la plus favorable au parti de Türkeş est la décennie écoulée, au cours de laquelle le MHP réussit à se maintenir au-dessus du seuil de 10 % avec en conséquence une représentation parlementaire de 71 députés en 2007, 53 en 2011, 80 en juin 2015 et 40 en novembre 2015.
Cet aspect institutionnel, « normal » du parti ne doit pas cacher sa face d'ombre, représentée par les milices, Foyers turcs, Foyers idéalistes, etc., qui font le coup de main. Les relations entre le MHP et les mafias sont structurelles, en Turquie et en Europe, pour les coups de main, le financement, le trafic d'armes. Et dans le sud-est, le MHP a toujours cherché à s'adjoindre les tribus, si importantes pour le contrôle de la société, mais aussi pour le trafic d'armes et l'organisation des milices de « protecteurs de villages ».
Ces relations sont bien connues. D'abord en la personne d'Abdullah Çatlı, président des Foyers idéalistes d'Ankara (1977) puis pour toute la Turquie (1978), auteur ou organisateur de nombreux assassinats politiques au cours de la décennie 1970, sans toutefois n'avoir jamais été condamné par la justice de son pays. Le 3 novembre 1996, un accident survenu près de Susurluk (Anatolie de l'ouest) a révélé de manière scandaleuse les liens entre le MHP, la mafia, la police et les tribus. En effet, Abdullah Çatlı, grande figure du MHP, est mort dans la voiture accidentée aux côtés de Hüseyin Kocadağ, directeur de l'école de police d'Istanbul, et de Gonca Us, ancienne mafieuse ; quatrième larron resté en vie, Sedat Bucak était député DYP d'Urfa et chef d'une très puissante tribu armée par l'Etat pour lutter contre le PKK. Cette simple liste, ces liens révélés au grand jour lors de l'accident, ont provoqué un scandale sans précédent, bien que tout cela fût déjà connu de tous en Turquie.
En mai 1997, le quotidien Türkiye publiait une interview d'un autre personnage ambigu, au regard dur, portant moustache, Ibrahım Çifçi dit le Tcherkesse. Alparslan Türkeş venait de mourir, et Çiftçi, membre du comité central du MHP, était candidat à la succession du Başbuğ. Il revendiquait fièrement avoir été le premier ülkücü condamné à mort par la justice, en 1979. Le quotidien ne révélait pas pourquoi; mais son nom revient avec insistance dans l'affaire du massacre de sept étudiants à Bahçelievler, le 8 octobre 1978, commandité par Çatlı. Il a été inculpé pour l'assassinat du juge Dogan Öz (24 mars 1978), emprisonné, condamné quatre fois à la peine de mort, mais libéré en 1985 pour vice de forme. C'est un tel homme qui prétend à la présidence d'un parti légal en 1997. Interrogé sur le scandale de Susurluk, il désignait Abdullah Çatlı comme « notre camarade ». Parmi les grands thèmes développés par Çiftçi pour les orientations à maintenir dans le parti figure, en bonne place, le caractère turco-islamique du mouvement. Définitivement blanchi par la justice en 2004, devenu homme d'affaires dans l'immobilier, il a été assassiné en 2006.
L'accident de Susurluk, par la présence de Sedat Bucak, député DYP (le parti de Tansu Çiller), aux côtés d'Abdullah Çatlı, révèle que l'influence du MHP dépasse de loin son score lors des élections officielles, et qu'il existait ou existent des osmoses avec d'autres partis conservateurs ou réactionnaires. Il est en effet très courant et fréquent, en Turquie, de changer de parti même lorsqu'on est député. Au vu des publications sur les réseaux sociaux, l'armée et les autres forces de sécurité servent en partie de courroies de transmission du parti. Abdullah Çatlı, lui, est resté fidèle à son idéal du MHP. Après sa mort encore, il était désigné comme un héros dans les milieux ultras et lors des kurultay du mont Erciyes on notait parfois la présence de sa veuve.
Islam et nationalisme
Il existait dans l'ultra-nationalisme turc un courant qui prônait l'éloignement de la religion, voire le retour au chamanisme. Mais il s'est étiolé au profit d'un autre, bien plus puissant, influencé par l'idéologie de la synthèse turco-islamique. Celle-ci, en appuyant sa rhétorique sur l'histoire, voit dans les Turcs un peuple dont l'ancienne culture le prédestinait à l'islam, et qui, une fois converti, est devenu, selon l'expression consacrée, « le bouclier et le porte-drapeau de l'islam », ayant au cours des âges sauvé cette religion, intellectuellement, de la sclérose et, militairement, de ses ennemis chrétiens, et amené à leur foi des régions du monde que les Arabes n'avaient pas pu conquérir : en premier lieu l’Anatolie, ainsi que l'Inde, et surtout le sud-est de l'Europe sur lequel les Turcs ont apposé le « sceau de l'islam » et qui devrait être sous leur garde et responsabilité.
Ainsi la religion musulmane donne son caractère au nationalisme, à la nation, tout autant que la « culture des steppes », et l'Histoire en est la démonstration. De nombreux intellectuels ont travaillé pour divulguer cette vision, également propulsée par les militaires au pouvoir de 1980 à 1983. Parmi les plus grands vulgarisateurs, on compte un historien, İbrahim Kafesoğlu, et un journaliste chroniqueur à Türkiye, Ahmet Arvâsi (décédé en 1988). Ces auteurs n'étaient pas précisément membres du MHP, mais leur héritage a été repris par le parti. Par exemple, le 31 décembre 2015, sur sa page Facebook, le MHP célèbre l'anniversaire du décès d'Arvâsi par son portrait accompagné de cette citation : « Les séparatistes qui veulent abattre l'Etat turc et diviser la nation turque ne sont pas seulement traîtres à la turcité, ce sont des traîtres à l'islam ». Voilà résumée en quelques mots la synthèse turco-islamique et sa mise en œuvre au service de la lutte contre les Kurdes, en une période où ces derniers sont soumis à une nouvelle vague de violence d'Etat.
Ahmet Arvâsi, idéologue de la synthèse turco-islamique: « Les séparatistes qui veulent abattre l'Etat turc et diviser la nation turque ne sont pas seulement traîtres à la turcité, ce sont des traîtres à l'islam ». Image extraite de la page Facebook du MHP
Depuis quarante ans, pour le MHP, nationalisme et religion ne font qu'un. L'idée n'est pas nouvelle ; elle avait été développée par Ziya Gökalp au début du XXe siècle, et mise en œuvre sous le gouvernement de Menderes au cours des années cinquante. A partir de 1960, des formations comme l'Union nationale des étudiants turcs (Millî Türk Talebe Birliği, MTTB) ont incarné de manière agressive cette tendance nationaliste, jusqu'au coup d'Etat de 1980.
Même lorsqu'ils ne s'unissent pas formellement, ces courants font osmose. En 1969, Türkeş, peut-être dans l'intention d'élargir son électorat et rassurer les religieux, prononce une formule qui devient une des devises du MHP : « Nous sommes autant Turcs que les Monts célestes, nous sommes autant musulmans que le mont Hira (Biz Tanrı dağı kadar Türk, Hira dağı kadar Müslümanız) ». Voici la topographie rêvée des Loups gris, celle de l'Asie intérieure, augmentée par la topographie musulmane et le « trésor de représentations » enrichi : le mont Hira ou plus exactement la grotte de Hira abritée par le djebel an-Nour, près de la Mecque, est le lieu où Mahomet aurait reçu la révélation coranique.
Lors du décès de Türkeş, en 1997, Muharrem Şemsek, un cadre du MHP, avouait au quotidien Radikal que le MHP prenait sa source dans l'"idéal turco-islamique" (Türk-Islam Ülküsü), expression favorite d'Ahmet Arvâsi pour désigner la nation (Radikal, 7 avril 1997). Türkeş avait fait le pèlerinage de La Mecque, et des intellectuels islamistes prestigieux, comme Necip Fazıl Kısakürek, avaient rejoint le MHP. Dans les prisons, au cours de cette décennie, les militants du MHP imposaient la prière collective et des cours de coran... En décembre 1978, un mouvement de jeunesse du MHP, l'Association de la jeunesse idéaliste (Ülkücü Gençlik Derneği), est en pointe dans le massacre des Alévis de Marache (111 morts). Dès lors, et jusqu'à nos jours, le parti s'affirme comme une formation anti-alévie et anti-Kurde, radicale jusqu'à l'assassinat et au massacre. Cela signifie que dans l'optique de ses partisans, les Alévis ne sont ni turcs ni musulmans, et que les Kurdes sont tenus de s'assimiler faute de quoi ils sont considérés comme des traîtres à l'islam, comme le proclamait Arvâsi. L'instrumentalisation de l'islam par le MHP conduit ainsi à l'élargissement du concept de racisme et à l'éclatement d'un consensus créé par le système ottoman des millet, dans lequel seule comptait l'appartenance religieuse ; désormais, il faut l'appartenance à la religion et à la race et la non-fidélité à la race entraîne l'accusation d'apostasie. C'est la synthèse turco-islamique poussée à bout.
Voir également l'article suivant, "esquisse" n° 60, sur les obsèques d'Alparslan Türkeş (8 avril 1997).
Sources : ouvrages
AKYOL Hüseyin, Türkiye'de Sağ ve Islamcı Örgütler [Les mouvements de droite et islamistes en Turquie], Istanbul, Pelikan Yay., 1996, 219 p.
ANTAKYALI François, « La droite nationaliste dans les milieux turcs immigrés », in L’immigration turque en France et en Allemagne, Cahiers d’études sur la Méditerranée orientale et le monde turco-iranien (CEMOTI), n° 13, 1992, pp. 45-68 (en ligne : https://www.academia.edu/10513266/La_droite_nationaliste_dans_les_milieux_turcs_immigr%C3%A9s_1992_)
BORA Tanıl, « Alparslan Türkeş », in Modern Türkiye'de Siyasî Düşünce. Cilt 4 Milliyetçilik, Istanbul, İletişim, 2002, pp. 686-695.
BORA Tanıl, Türk Sağının Üç Hali. Milliyetçilik, Muhafazakarlık, Islâmcılık [Les trois états de la droite turque. Nationalisme, conservatisme, islamisme], Istanbul, Birikim Yayınları, 1998, 154 p.
BORA Tanıl, Milliyetçiliğin Kara Baharı [Le printemps noir du nationlisme], Istanbul, Birikim, 1995, 318 p.
COPEAUX Etienne, « Le nationalisme d’Etat en Turquie : ambiguïté des mots, enracinement dans le passé », in Dieckhoff A., Kastoryano R. (dir.), Nationalismes en mutation en Méditerranée orientale, Paris, CNRS-Editions, 2002, pp. 23-40. http://books.openedition.org/editionscnrs/2389?lang=fr
COPEAUX Etienne, Espaces et temps de la nation turque. Analyse d’une historiographie nationaliste, 1931-1993, Paris, CNRS-Éditions, 1997, 369 p.
COPEAUX Etienne,« Ahmed Arvâsi, un idéologue de la synthèse turco-islamique », Turcica, tome 30, 1998, pp. 211-223 (en ligne)
GOURISSE Benjamin, La Violence politique en Turquie. L'Etat en jeu, 1975-1980, Paris, Karthala, 2014, 371 p.
GOURISSE Benjamin, « Pluralité des rapports aux normes professionnelles et politisation des pratiques dans la police turque des années 1970 », European Journal of Turkish Studies [En ligne], 8 | 2008, mis en ligne le 03 novembre 2009, Consulté le 23 décembre 2015. URL : http://ejts.revues.org/2273
TÜRKEŞ Alparslan, Milliyetçi Hareket Partisi ve ülkücü Kuruluşlar Davası. Sorgu [Défense d'A.T. Au cours du procès du MHP et des mouvements idéalistes], Ankara, Mayas, 1982, 158 p.
TŪRKEŞ Alparslan, 1944 Milliyetçilik Olayı [La manifestation nationaliste de 1944], Istanbul, Kutlug Yayınları, 1975, 117 p.
TÜRKEŞ Alparslan, Millî doktrin : Dokuz Işık [La doctrine nationaliste : les neuf lumières], Istanbul, Kutlug Yayınları, 1975.
ULUÇ Fuat, ÖZDAĞ Muzaffer, Alparslan Türkes, Ankara, Ayyıldız Matbaası, 1965, 15 p.
Quelques articles de la presse :
29 mars 1996, « Milliyetçiligin ‘asırı’sı ? » (Ayhan Songar), Türkiye
4 avril 1996, « Islamiyet, dinlerin özüdür » (Y.B. Bakiler), Türkiye
28 avril 1996, « Bayram vatanda, gurbette » (Ahmet Kabaklı), Türkiye
4 mai 1996, « Türkçüler haftası basladı » (Kemal Çapraz), Türkiye.
6 mai 1996, « Milliyetçiler bayramı », Türkiye
5 août 1996, « Erciyes'te cosku », Türkiye
6 mai 1997, interview d'Ibrahim Çiftçi, Türkiye
24 février 1998, « Özel tim bıyık kesti », Milliyet
24 février 1998, « Bıyık operasyonu », Cumhuriyet
20 mars 2010, « Savcı Dogan Öz neden öldürüldü ? » bianet.org http://bianet.org/biamag/toplum/120777-savci-dogan-oz-neden-olduruldu
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