L'histoire ancienne s'insère fréquemment dans les enjeux du contemporain. Comme je l'ai fait précédemment pour les commémorations de la prise de Constantinople (la "Fetih", 1453), je vais consacrer quelques articles à la commémoration et au récit de la victoire de Malazgirt (Mantzikert pour les Arméniens) en 1071, qui a une grande importance idéologique aujourd'hui car son souvenir est censé légitimer pour l'éternité l'existence de la nation turque anatolienne et scelle l'effacement des Arméniens de l'histoire du pays
1989. La Turquie est en principe encore kémaliste. Le coup d'Etat militaire de 1980 a, d'une part, encouragé l'islam politique (pour faire barrage au communisme...) en revigorant l'idéologie de la « synthèse turco-islamique » et en instaurant l'enseignement obligatoire de la religion. Et d'autre part, il a fortement accentué le culte d'Atatürk, qui a pris, au cours des deux dernières décennies du siècle, une dimension presque stalinienne ou maoïste.
L'histoire est à nouveau revalorisée sous toutes ses formes de discours : en politique et à l'école. Mais Atatürk doit être présenté comme la fin de l'histoire : le récit historique s'interrompt à sa mort, en 1938. Inversement, toute l'histoire turque doit être présentée comme une longue téléologie, un récit rectiligne qui aboutit nécessairement à Atatürk et à la république.
Pour obtenir cet effet, le pouvoir a fait insérer dans le récit, aussi bien d'histoire ancienne, médiévale, moderne, des références à Atatürk, des citations du Guide, voire des portraits, de manière parfaitement anachronique. C'est ce que j'appelle les « insertions kémalistes » dans le récit, qui sont comme des pépites de présent dans le récit du passé.
Mais l'anachronisme est intentionnel : ces insertions kémalistes permettent d'annoncer la venue d'Atatürk, de lui trouver des prédécesseurs, même au VIIIe ou au XIe siècle, qui sont le kaghan des Turcs Célestes, Bilge, et le sultan seldjoukide Alparslan. Le récit scolaire les pare des mêmes vertus qu'Atatürk.
Le présent fait irruption dans le passé. Le passé annonce le présent.
Mais le procédé doit subir périodiquement des modifications, car le présent change, le passé doit changer également. Je propose dans un premier temps de décrire le processus d'assimilation du héros Alparslan à Atatürk, et ensuite je parlerai de la manière dont le pouvoir d'Erdogan s'est mis à capter cet héritage et à adapter son interprétation.
Mais pour commencer, je propose un document qui permettra de juger du degré de manipulation et d'instrumentation de l'histoire par le nationalisme.
Le texte qui suit est une conférence prononcée en 1989 par Mehmet Altay Köymen à la télévision d’Etat lors de la commémoration de la victoire de Malazgirt, survenue le 26 août 1071. Il a été publié dans Belleten, revue qui depuis 1937 diffuse la pensée officielle sur l'histoire. Mehmet Altay Köymen (1916-1993), historien médiéviste, était membre d’honneur de la Haute fondation Atatürk pour la langue et l'histoire (AKDTYK), créée par la constitution de 1982, et qui est, à l'époque, à la source du discours « scientifique » officiel. Professeur d’université, il présidait le département d’histoire à la Faculté de langues et d’histoire-géographie d’Ankara, haut-lieu de la culture kémaliste. Il fut aussi vice-président de la fondation culturelle du ministère de la Culture et du Tourisme. Enfin, il a dirigé une collection de manuels scolaires d'histoire publiée en 1990 (une partie du texte ci-dessous est d'ailleurs reproduite dans le deuxième volume de ce manuel sous le titre « Alparslan et Atatürk ».
Sa conférence porte sur la victoire remportée par le sultan turc Alparslan, souverain de la dynastie seldjoukide, sur l'armée byzantine, à Malazgirt, en Anatolie orientale, au nord du lac de Van, victoire considérée comme ayant « ouvert l'Anatolie aux Turcs ». Il y est question de l'affrontement turco-grec du onzième siècle, mais aussi de l'islam, d'Atatürk, et même de l'invasion du nord de Chypre en 1974.
[1] Au cours de sa longue histoire, la nation turque a vécu beaucoup de jours heureux. Les Turcs fêtent ces jours avec beaucoup d'enthousiasme, surtout les anniversaires de victoires. Lors de ces fêtes, on extériorise sa joie, on organise des rencontres de poètes, de musiciens. Des troubadours chantent la bravoure des héros. Ces chants deviennent plus tard des épopées, comme celle des Oghouz, celle de Manas, celle de Dede Korkut. On peut y ajouter les inscriptions de l'Orkhon, qui retracent, dans un style épique, les jours heureux et tristes de la nation turque.
[2] Ces célébrations renforcent la confiance que chacun peut avoir en la nation turque; elles nous incitent à remporter d'autres victoires, lorsque cela sera nécessaire. C'est pour cela que, chaque année, on célèbre les campagnes que le Maréchal Gazi Mustafa Kemal [Atatürk] a ordonnées ou dirigées.
[3] Parmi ces jours heureux figurent ceux qui ont suivi la bataille de Malazgirt. Cette victoire, remportée sur des forces ennemies supérieures en nombre, a plongé dans la joie non seulement le monde turc, mais aussi le monde musulman. Car cette victoire fut autant celle de l'islam que celle de la turcité. D'ailleurs, le calife de Bagdad a ordonné au monde musulman tout entier de dire la prière en l'honneur de la victoire d'Alparslan.
[4] La bataille de Malazgirt, tout comme la prise d'Istanbul [1453], est l'un des plus importants tournants de l'histoire, particulièrement du point de vue de l'histoire turque. Car, grâce à cette victoire, les Turcs, venant de leur patrie originelle éloignée de plusieurs milliers de kilomètres, se sont créé une nouvelle patrie turque à l'extrémité occidentale de l'Asie. Ceci a d'autant plus d'importance qu'en dehors de l'Anatolie, il n'existe pas au XXe siècle d'autre patrie où les Turcs puissent vivre librement.
[5] Mais Malazgirt est aussi un tournant du point de vue de l'histoire de l'islam, qui a été protégé de la décadence, s'est renforcé, et, au temps de l'empire ottoman, s'est diffusé dans d'autres pays. D'ailleurs, selon beaucoup d'historiens, sans l'intervention des Turcs, la situation de l'islam serait pire au XXe siècle qu'elle ne l'était au XIe.
[6] Cette bataille est aussi un tournant du point de vue de l'histoire mondiale. Car l'empire universel ottoman, continuant l'œuvre des Seldjoukides pendant plusieurs siècles, s'est rendu maître de la politique mondiale, l'a dirigée, et aucun pays n'a pu rivaliser cette puissance.
[7] Considérons cette bataille d'un autre point de vue encore : la bataille de Malazgirt est un maillon de la chaîne des guerres qu'ont menées les Turcs. Il est nécessaire de s'attarder à expliquer son importance. A l'époque des Seldjoukides, ce sont les guerres qui permettaient de fonder des Etats. C'est ainsi que le grand empire seldjoukide a été fondé en 1040 par la bataille de Dandanakan, remportée en Iran oriental par les frères Tugrul et Çagrı contre le nouvel Etat turc des Ghaznévides.
[8] Les guerres permettent donc de fonder des nations, comme le fit la victoire de Malazgirt, remportée en 1071 par le grand empereur seldjoukide Alp Arslan contre l'empereur de Byzance Romain Diogène [Romanos IV Diogenis]. Ce type de bataille, par laquelle se fonde une nation, est extrêmement rare.
[9] Les guerres permettent aussi de protéger les nations existantes. Dans cette catégorie figure la bataille de Myrioképhalon, remportée par le chef de l'empire seldjoukide d'Anatolie, Kılıç Arslan, dans la région des Lacs en 1176 contre l'empereur byzantin Manuel Comnène. Cent cinq ans après Malazgirt, les Byzantins n'avaient pas perdu tout espoir de vaincre l'empire seldjoukide pour jeter les Turcs hors de l'Anatolie, leur nouvelle patrie. Ils rassemblèrent leurs forces et renouvelèrent leurs assauts, mais durent bien reconnaître que l'Anatolie était devenue définitivement la patrie des Turcs. Les Byzantins, mais aussi l'ensemble du monde occidental se mirent à appeler « Turquie » ces terres où nous vivons, la nouvelle patrie des Turcs.
[10] L'Anatolie a été un pont très important pour le passage des peuples. Cette terre a souvent changé de mains au cours de l'histoire. Cependant, l'Anatolie peut rester la patrie éternelle des Turcs, nation courageuse et héroïque.
[11] Les guerres ont permis que l'Anatolie soit unifiée par les Seldjoukides, et qu'elle reste jusqu'à aujourd'hui pratiquement dans les mêmes frontières. C'est Kılıç Arslan II, à la tête de l'Etat turc des Danichmendides, et ses successeurs (parmi lesquels Alaeddin Keykübad), qui ont commencé cette politique. Ainsi, l'Anatolie unifiée apparaît pour la première fois sous un gouvernement seldjoukide. C'est, par-dessus tout, cette situation qui a préparé le terrain aux Turcs pour la défense de l'Anatolie, et la création sur cette terre d'une brillante civilisation économiquement développée.
Imagerie nationaliste représentant le sultan Alparslan sur fond du drapeau turc actuel "J'ai conquis un pays pour vous. Il sera à vous pour l'éternité"
[12] Certaines guerres permettent de sauver une nation existante et unifiée, et d'y fonder un nouveau régime. Ceci s'est réalisé sous le commandement du Maréchal Gazi Mustafa Kemal.
[13] Nous pouvons mieux comprendre la bataille de Malazgirt, maintenant que nous l'avons replacée dans le contexte d'une série de batailles aux objectifs bien précis.
On peut distinguer deux types de guerres en fonction de leurs buts :
1) les guerres d'invasion et de colonisation;
2) les guerres visant à réaliser un concept d'Etat et de civilisation bien défini.
Le premier groupe est inconnu des Turcs, quelle que soit l'époque. Ce type se rencontre surtout chez les Occidentaux.
[14] Les Turcs ont mené des guerres pour réaliser le concept de l'Etat turc. Qu'est-ce que ce concept ? D'après nos recherches, c'est une idée d'Etat visant à faire prospérer dans le bien-être tous les hommes vivant dans ses frontières, quelles que soient leur ethnie, leur religion, leur civilisation. Cela ne s'est pas seulement rencontré chez les Seldjoukides et chez les Ottomans, mais dans tous les Etats turcs (dont le nombre approche la centaine) qui ont été fondés sur trois continents. C'est pour cela que les Grecs d'Anatolie, après la naissance du premier foyer national turc, ont préféré vivre sous l'administration seldjoukide plutôt que dans l'empire byzantin, malgré la différence ethnique et religieuse. C'est un fait que les historiens occidentaux admettent parfaitement. Comme on le voit, la conception turque de l'Etat est très moderne, puisqu'elle protège même les valeurs que les Occidentaux n'appliquent qu'aux hommes qui sont de leur propre origine.
[15] Pour faire mieux connaître l'importance de la victoire de Malazgirt, que nous voulons faire apprécier sous divers angles, nous ne voulons pas passer sur le rôle capital joué par l'armée turque et ses commandants dans le succès de cette bataille.
[16] Un historien anglais a dit : « L'Histoire, c'est l'histoire des héros et des grands hommes ». Cette thèse est particulièrement vraie pour l'histoire turque. L'Histoire montre que lorsqu'il y a de grands dirigeants à la tête de la nation turque, il n'y a pas d'obstacle qu'elle ne puisse franchir, de tâche qu'elle ne puisse accomplir, de but qu'elle ne puisse atteindre. Le Maréchal Gazi Mustafa Kemal en est le dernier exemple.
[17] Pour illustrer ce type de héros turc, nous disposons des exemples de deux grands hommes d'Etat. Le premier, Alp Arslan, a remporté la victoire de Malazgirt, qui a permis d'établir l'unique nation turque, où vivent 55 millions d'hommes.
Le second est le Maréchal Gazi Mustafa Kemal Atatürk, qui a délivré cette nation.
[18] Il y a beaucoup de points communs entre les grands hommes. En premier lieu, on trouve une similitude de comportement et de paroles pour encourager les armées qui leur sont subordonnées en cas de guerre, comme l'ont fait Alp Arslan et Mustafa Kemal. Par exemple, Alp Arslan, dans le discours qu'il a fait à son armée avant la bataille, a dit entre autres : « Ici, il n'y a pas de sultan; je suis l'un d'entre vous; ceux qui veulent partir sont libres ». Mustafa Kemal, enlevant les insignes de son grade de général, s'est lancé dans la bataille de la Libération comme un simple citoyen. Ensuite seulement, il a encouragé ses subordonnés par sa proclamation : « Soldats, notre premier objectif, c'est la Méditerranée ! En avant ! ».
[19] Ce n'est pas un hasard si le comportement d'Alp Arslan envers son prisonnier, l'empereur byzantin Romain Diogène, fut le même que celui du maréchal Gazi Mustafa Kemal envers le commandant en chef de l'armée grecque Tricoupis, qu'il avait capturé. C'est une obligation due aux coutumes turques.
[20] Dans la guerre, la supériorité numérique et matérielle ne suffit pas à remporter le succès; la preuve en est que les armées commandées par Alp Arslan et Mustafa Kemal ont été victorieuses, malgré une infériorité en hommes et un équipement insuffisant. C'est en Corée que, pour la dernière fois, les soldats turcs ont combattu pour l'idéal d'humanité [aux côtés des Américains, en 1950-1953]; de même, l'application du système de guerre turc par nos chefs a joué un rôle aussi important que le courage et l'héroïsme dans le succès de l'opération de pacification [1974] destinée à protéger les Turcs chypriotes du massacre.
[21] Le système de guerre inventé par les Turcs a été déterminant, en effet, dans l'issue victorieuse des guerres où l'ennemi était supérieur en nombre et en armement. Les bases de ce système sont l'attaque à distance et la rapidité. Des unités de 70 à 200 archers à cheval mettaient l'ennemi sous une pluie de flèches, se retiraient, laissaient la place à d'autres unités. Alp Arslan, comprenant que les Byzantins s'avançaient en pensant se trouver en face d'un système tactique classique, organisé en aile droite, aile gauche et centre, assiégea l'armée adverse après l'avoir épuisée par une pluie de flèches envoyée par des unités embusquées derrière une colline. C'est à ce moment que les Oghouz, Petchénègues et Kouman [peuples de langue turcique], qui avaient une situation-clé dans l'armée byzantine, constatant la similitude des langues et de l'habillement, réalisèrent qu'ils étaient de la même famille que les Turcs, et rejoignirent les rangs de l'armée d'Alp Arslan. L'armée byzantine fut pratiquement détruite, et l'empereur Romain Diogène fut fait prisonnier.
[22] C'est ainsi que, convaincus qu'ils gagneraient cette guerre, projetant d'anéantir l'empire seldjoukide et de s'emparer de ses terres, refusant avec orgueil et raillerie les offres de paix d'Alp Arslan avant la bataille, les Byzantins perdirent la pièce essentielle de leur empire, l'Anatolie, et que celle-ci devint, ici même, la patrie éternelle des Turcs.
[23] Les Seldjoukides ne se contentèrent pas de construire la patrie des Turcs; comme l'admettent les historiens occidentaux, ils façonnèrent une civilisation d'une splendeur jamais atteinte par l'humanité, supérieure à toutes celles qu'avait connue cette terre, supérieure même aux civilisations hittite et romaine. Leurs petits-enfants, les Turcs d'aujourd'hui, continuent d'avancer sur la même voie. En somme : « Ils ont fondé, protégé, unifié et délivré ». Nous sommes leurs héritiers et les défenseurs de cette belle patrie.
Imagerie nationaliste représentant le sultan Alparslan et Atatürk. "Ce pays a été turc dans le passé, il est turc aujourd'hui, et il restera turc pour l'éternité"
Dans ce texte lu à la télévision, apparaissent les grands thèmes qui figurent également dans les manuels scolaires. Malazgirt est placée dans une chaîne d’événements par une discrète référence au passé (la culture de l’Orkhon, §1, elle-même placée par le paragraphe suivant sur le même plan que les campagnes d’Atatürk); et par une référence au futur, la prise de Constantinople (§4) et surtout, à de nombreuses reprises, par la référence absolue, celle qui valide tout discours, la référence à Atatürk (§2, 12, 16 à 20).
Ce thème kémaliste l’emporte de loin sur tous les autres; pourtant, l’auteur insère, entre la dimension turque et la dimension mondiale de l’événement, une dimension musulmane discrètement évoquée au §5; en même temps, la victoire de l’islam ne peut survenir que par la victoire des Turcs, qui l’ont protégé de la décadence, renforcé, et diffusé.
Le texte est encore saupoudré de références à l’Occident pour montrer que les Turcs ont une civilisation supérieure : ils n’ont pas colonisé (§13), ils sont plus tolérants (§14) et leur conception de l’Etat est plus moderne (fin du §14); mais pour utiliser aussi l’Occident comme référence appréciative, car une affirmation est plus efficace si elle est appuyée par une approbation extérieure, si possible émanant du rival ou même de l’ennemi : « C’est un fait que les historiens occidentaux admettent parfaitement » (§14) : « Comme l’admettent les historiens occidentaux » (§23).
Ce texte constitue une synthèse du discours scolaire, non seulement en raison de la personnalité de l’auteur, et de ses fonctions universitaires, mais plus généralement parce qu’il y a une très grande perméabilité entre les discours, scolaire et non-scolaire : il n’y a, en fait, qu’un seul discours. Il est produit par le monde universitaire, qu’il exprime dans des revues : Belleten, Türk Kültürü [La Culture turque], Millî Kültür [la Culture nationale]; il est ensuite reproduit et adapté dans les manuels scolaires.
Dans la mesure où les mêmes thèmes touchent la société par l’intermédiaire de la télévision ou de la presse, l’imprégnation peut atteindre un niveau élevé. La propagande de l’Etat, particulièrement au cours du « mois des victoires » (le mois d’août) fait que Malazgirt est un événement consensuel qui ne donne lieu à aucune controverse d’interprétation. Le discours circule en circuit fermé. Il est possible que cette conférence télévisée ait été fort peu suivie par le public, mais c’est sans importance, car des propos identiques ou semblables sont délivrés à l’école, dans la presse, dans les revues pour jeunes, et probablement dans beaucoup de mosquées.
(à suivre)
Références
Köymen Mehmet Altay, « Malazgirt Meydan Muharebesinin Diger Meydan Muharebeleri Arasındaki Yeri ve Önemi » [La place et l’importance de la bataille de Malazgirt parmi les autres batailles], Belleten, LIII (1989), n° 206, pp. 375-380.
id., « Malazgirt Meydan Muharebesinin 919. Yıldönümü » [Le 919e anniversaire de la bataille de Malazgirt], Millî Kültür, n° 75, 1990.
id. Büyük Selçuklu Imparatorlugu Tarihi [Histoire du Grand empire seldjoukide], 5 volumes, Ankara, Türk Tarih Kurumu Basımevi, 1989, xx-526 p., cartes h.t. (publication de l’AKDTYK).
id., Selçuklu Devri Türk Tarihi [Histoire turque de l’époque seldjoukide], Ankara, Ayyıldız Matbaası, 1963, 310 p., carte h.t.
Ouvrages scolaires de M.A. Köymen :
Köymen Mehmet Altay, Alpman Adil, Koca Salim, Cansız Ismail, Tarih. Lise I, Istanbul, Ülke, 1990, 240 p.
Köymen Mehmet Altay, Koca Salim, Özel Baykal, Tarih. Lise II, Istanbul, Ülke, 1990, 236 p.
Köymen Mehmet Altay, Özel Baykal, Atnur |brahim, Tarih. Lise III, Istanbul, Ülke, 1990, 204 p.