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Susam-Sokak

Turquie - Les racines du présent - Le blog d'Etienne Copeaux


Flash - 20 novembre 2012

Publié par Etienne Copeaux sur 20 Novembre 2012, 08:16am

Catégories : #La Turquie d'aujourd'hui

 


Malheureusement, l'affaire Sevil Sevimli risque de tomber dans la routine. Hier 19 novembre le tribunal a décidé le report du procès au 16 janvier 2013. L'interdiction de quitter le territoire n'a pas été levée pour la jeune Française. Jean-Luc Mayaud, président de l'Université de Lyon-II, était en personne au procès de Bursa, acte courageux, sans précédent à ma connaissance.

Quant à moi je suis à Istanbul dans l'attente du procès de Pinar Selek. La rue Istiklal est parcourue de manifestants : travailleurs de la compagnie aérienne THY et de DHL, femmes syndicalistes protestant contre la violence sur les lieux de travail.

Dans les vitrines des librairies, bien en vue, le gros livre de Kévorkian et Paboudjian, « Les Arméniens dans l'Empire ottoman », dans sa version en turc. Les choses changent à petit pas, le tabou s'émiette tout doucement, sans bruit : les Turcs ont besoin de vérité.

 

P1030546.JPG

 

Je déambule. Un attroupement autour d'un groupe de jeunes qui joue de la musique iranienne ; une fille à la voix puissante frappe le tombak, ses cheveux flottent, un santour l'accompagne : ces jeunes m'émeuvent.

Plus loin, un homme plus âgé joue du petit kémantché de la Mer noire, sans succès, personne ne fait attention à lui. Il m'en rappelle un autre, qui jouait ainsi près de la place de Taksim, un soir.  Un passant s'arrête; après un bref échange, il prend le kemantché et en joue, en joue merveilleusement. Il s'installe sur le tabouret du mendiant, et fait la manche à sa place. Un attroupement se forme rapidement. Le téléphone de l'artiste sonne sans cesse, il est attendu, il fait patienter, il continue de jouer. Un çayci de la Mer noire s'installe, offre le thé, des taxis s'arrêtent, l'un d'eux offre la course au musicien qui décidément va être très en retard. Après une petite heure, le Menuhin s'en va, l'attroupement se disperse, le mendiant reprend son crin-crin dans l'indifférence.

Ailleurs encore, le vieil aveugle (est-il si vieux que cela?) qui depuis dix ans au moins joue les classiques alévis s'accompagnant de son saz. Voici quelques années, un petit garçon le guidait, qui faisait ses devoirs dans la rue, en attendant que son père fasse sa prestation ; et une jeune fille, très belle, qui l'accompagnait au chant. Cette fois, c'est une autre jeune femme, très brune, qui est avec lui. Très peu de passants s'arrêtent, mais beaucoup donnent au passage.

La grande grève de la faim des prisonniers politiques a cessé. Pour certains, au bout de 68 jours. La consigne de levée de grève vient d'Apo, depuis sa cellule. Tous les journaux parlent d'un tournant, d'une ouverture prochaine sur la question. Alors, s'il y a ouverture, verra-t-on bientôt la libération de tous les prisonniers inculpés de « terrorisme » ? et un non-lieu définitif pour Pinar ?

 

 

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T
Merci pour cette chronique "sur le vif" d'Istanbul, en espérant une issue juste et heureuse pour Pinar Selek
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