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Susam-Sokak

Turquie - Les racines du présent - Le blog d'Etienne Copeaux


Debating the Armenian Genocide, Berkeley

Publié par Etienne Copeaux sur 12 Avril 2019, 08:28am

Si susam-sokak reste quelque peu muet ces temps-ci, ne n'est pas faute d'activité de ma part.

Comme vous l'avez constaté, voici plusieurs années maintenant que je réfléchis sur l'idée de sentiment de culpabilité en Turquie, dans ce que j'appelle "la Turquie post-génocidaire", qui n'est pas seulement la Turquie des années vingt, mais toute la période qui va jusqu'à nous, et cette appellation pourra rester pertinente tant que la Turquie ne fait pas face à son passé.

Je tente donc, en opérant un retour sur mes travaux déjà anciens (la "Thèse d'histoire" d'Atatürk en 1931, l’enseignement de l'histoire, l'histoire du courant de la "synthèse turco-islamique" etc.), une synthèse sur la Turquie républicaine, en cherchant ce qui en fait l'unité.

J'ai précédemment présenté dans un petit billet des idées un peu brutes. Il s'agit de trois éléments qui ont provoqué ma stupéfaction au cours de mes recherches (une statue à Afyon, la "Thèse d'histoire", et l'état des cimetières orthodoxes du nord de Chypre). Et de ce que je considère comme les facteurs de permanence dans la Turquie républicaine, qui transcendent les âges, les périodes, les gouvernements, les partis, traversent les coups d'Etat et les changements de régime: ce sont la négation du génocide, l'ultra-nationalisme indiscuté, la guerre contre les Kurdes, et la violence politique.

Le nationalisme est certainement au fond de tout cela. Mais ce nationalisme maladif a une origine, c'est l'obsession négationniste. Je poserai l'hypothèse que le génocide a engendré un sentiment de culpabilité partagé par l'ensemble de la population. Que cette culpabilité est invivable si l'on ne procède pas à un travail de deuil. Et qu'en l'absence de ce travail, il faut à la population une "issue de secours" qui rassure sur soi-même, c'est le nationalisme mêlé de religion.

Voici donc le point où j'en suis. J'ai déjà exposé tout cela, de manière fragmentée, au fur et à mesure de mes lectures et réflexions. J'en ai proposé une première synthèse qui sera bientôt publiée, en anglais, dans un ouvrage collectif. Et puis j'en ai fait une synthèse que j'ai exposée à Aix-en-Provence en janvier, dans le séminaire de Gérard Groc.

Je me prépare donc à proposer cette réflexion à Berkeley dans le cadre d'un colloque dont l'argumentaire figure ci-dessous.

Voici le résumé de mon intervention:

“Is Turkey Condemned to Nationalism after the Genocide?”

By formulating the hypothesis of the existence in Turkey of a general feeling of guilt consecutive to the genocide, I would like to reconsider nationalism and history-writing in Turkey, in their excessive characteristics, as effects of the genocide. In fact, the sense of guilt added to the impossibility to mourn has necessitated what Mitscherlich called the “emergency exits,” that is, the prejudices and stereotypes able to ensure “that nothing prevents the process of repression or denial.” After a glance over some features of Turkish nationalism and over the State’s takeover of history, I will evoke some aspects of the vision of Turkish history under the rule of R.T. Erdoğan.

A bientôt!

Debating the Armenian Genocide, Berkeley

Debating the Origins, Development, and Impact of the Armenian Genocide (1850s-1938)

Conference/Symposium | April 20 | 9:45 a.m.-5 p.m. | 370 Dwinelle Hall

 Taner Akcam, Clark University; Stephan Astourian, UC Berkeley; Hamit Bozarslan, Ecole des hautes études en sciences sociales, Paris; Etienne Copeaux, Historian; Raymond Kévorkian, Emeritus, Université Paris 8 : Vincennes-Saint-Denis; Hans-Lukas Kieser, University of Newcastle, Australia, and University of Zürich; Mehmet Polatel, 2018-2019 Manoogian Post-doctoral fellow, University of Michigan, Ann Arbor; Ronald Suny, University of Michigan, Ann Arbor

 Institute of Slavic, East European, and Eurasian Studies (ISEEES), Armenian Studies Program

The unusually broad focus of this conference aims at assessing various historiographical aspects of the Armenian Genocide and its aftermath. Some of the issues that deserve to be discussed include, among others, the following:
-The Tanzimat reforms and ethnoreligious polarization.
-The continuity or discontinuity between the Armenian Genocide and the cases of mass violence that preceded it, such as the massacres in Sasun, the Hamidian massacres of 1895-96, or the Adana massacres.
-The role of ideology and of the CUP political regime.
-The role of the Armenian Reform Act.
-The argument about the “incremental radicalization” of CUP leaders that resulted in the Armenian Genocide and the issue of the decision-making of the genocide.
-The chronological and geographical pattern of the Armenians’ extermination and deportations and what it tells us about its planning, or lack of it.
-The role of key leaders, such as Talaat Pasha, Enver Pasha, Bahaeddin Şakir, and others.
-The “completion” of the Armenian Genocide in various ways under Mustafa Kemal Atatürk.
-The role played by the denial of the Armenian Genocide in Turkish political and popular culture.
-The links, if any, between the Armenian Genocide and the mass violence that preceded it on the one hand and the cases of mass violence during the Kemalist period on the other hand.
Obviously, not all the above-mentioned topics have been convincingly documented yet and some are still subject to debate.

 510-642-3230

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