[Sources: articles de Tansu Pişkin, bianet.org, 3 septembre et 6 septembre 2019 et Igdir Dogus Gazetesi, 8 février 2017]
Chose étonnante dans de telles circonstances, le procureur de la 30e chambre d'Istanbul a avoué publiquement avoir changé d'avis à propos de la qualification du « crime » imputé à l'accusée Özlem Şendeniz. En effet, la peine requise par l'acte d'accusation s'appuyait sur l'article 7/2 de la loi de répression des mouvements terroristes (Terörle Mücadele Kanunu,TMK).
Plus de 700 universitaires sont poursuivis pour avoir signé la pétition. Jusqu'à présent, des peines de prison ont été prononcées, allant jusqu'à trente mois (comme pour l'historienne franco-turque Noémi Lévy-Aksu), mais, sauf dans le cas de l'historienne Füsun Üstel (condamnée à quinze mois), ces peines sont suspensives. Füsun Üstel a été la première personne effectivement incarcérée, le 8 mai dernier, mais elle a été libérée le 22 juillet.
L'acquittement d'Özlem Şendeniz devrait logiquement influer sur les décisions à venir, mais aussi sur les cas déjà jugés et qui devraient être réexaminés, enfin sur les décisions des Cours d'appel.
Özlem Şendeniz avait été exclue de l'université d'Igdir en février 2017 (comme Noémi Lévy-Aksu). Elle faisait partie d'une « fournée » de 330 universitaires dont 184 étaient signataires de la pétition pour la paix, ce qui portait alors leur nombre à 312. Ces évictions massives sont permises par le décret-loi (Kanun Hükmünde Kararname) n° 686, adopté dans le cadre de l'état d'urgence instauré en été 2016.
Annonçant son éviction sur son compte Facebook, Özlem Şendeniz avait déclaré ressentir un certain soulagement pour être désormais éloignée du « harcèlement (mobbing) dans les couloirs de l'université ».
Elle est l'auteure, avec Emek Yıldırım Sahin, d'un livre sur la condition des femmes sur la côte de la mer Noire: Sırtıda Sepeti: Bafra'dan Hopa'ya Karadeniz'de Kadınlık Halleri (éd. Phoenix, 2018).