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Susam-Sokak

Turquie - Les racines du présent - Le blog d'Etienne Copeaux


La guerre, la paix et le professeur d'histoire

Publié par Etienne Copeaux sur 12 Décembre 2019, 12:07pm

Catégories : #La Turquie d'aujourd'hui, #Répression - Justice

13 octobre 2019. La police procède à l'arrestation des militants pacifistes à Besiktas (Istanbul)

13 octobre 2019. La police procède à l'arrestation des militants pacifistes à Besiktas (Istanbul)

C'est devenu un lieu commun que de dénommer la guerre par son contraire. La France parlait de « pacification » lors de la guerre d'Algérie. En 1974, l'invasion du nord de Chypre par l'armée turque avait également été dénommée « Opération de Paix » (Barıs Harekatı). Puis nous avons eu droit à l' « Opération Rameau d'Olivier » (Zeytin Dalı Harekatı) pour désigner l’invasion du nord-ouest de la Syrie et la prise de la région et de la ville d'Afrin en 2018. Enfin, en octobre dernier, c'est sous le nom d' « Opération Fontaine de Paix » (Barıs Pinarı Harekatı) que la Turquie a envahi le Kurdistan syrien. Ces dénominations font injure aux idées qu'elles convoquent : injure à la paix, injure à l'olivier symbole universel de paix, injure aux fontaines sources de vie alors que l'armée turque et ses milices sèment la mort et la désolation.

En France, pour une fois, une réprobation de la Turquie s'est exprimée dans les médias, mais cela n'a pas duré longtemps. Après quelques jours, on ne s'est plus préoccupé que de savoir si les djihadistes prisonniers des Kurdes allaient s'échapper et envahir notre pays. Mais quelques médias se sont également demandé pourquoi l' « Opération Fontaine de Paix » ne suscitait pas de mouvements de protestation pacifistes en Turquie... Question qui révélait une certaine méconnaissance de la Turquie. Les commentateurs français ne voient qu'Erdogan ; ils lui imputent, à juste titre, la situation des droits humains dans le pays actuellement, mais ce n'est pas suffisant. C'est le dressage du citoyen turc par l'école, non pas depuis l'arrivée d'Erdogan mais depuis un siècle, qui a produit l'absence de réactivité, le suivisme de la population turque, toujours unie en bloc derrière son armée. Je l'ai souvent dit et écrit, Erdogan et les succès électoraux de son parti ne sont que des produits de cette éducation.

L'Opération a débuté le 9 octobre. Le 14, le site d'information bianet.org faisait un premier bilan de ce qui était perceptible en Turquie, et de ce qui se passait du côté turc. On sait que la plupart des villes de cette région frontalière sont doubles, puisqu'elles ont été partagées par la voie ferrée du Bagdadbahn (la ligne de chemin de fer de Berlin à Bagdad) qui a servi à fixer la frontière (cf. mes articles sur Ceylanpınar et Nusaybin). Les forces kurdes agressées par la Turquie ont pu facilement tirer des roquettes vers la Turquie, à quelques centaines de mètres. Durant cette première semaine, au total, du côté turc, 18 civils sont morts et 140 ont été blessés, selon la conférence de presse d'Erdogan du 13 octobre. Sans surprise, les villes les plus touchées ont été Nusaybin, Ceylanpınar, Akçakale qui sont situées directement sur la frontière. La ville de Nusaybin, qui déplore 12 morts et 70 blessés, a été partiellement évacuée. Ces pertes dans la population civile sont regrettables, mais elles ne sont rien par rapport à ce qui s'est passé de l'autre côté. Le ministère de la défense annonçait lui-même la mise hors de combat de 490 « terroristes » au cours de la première semaine, dont 440 tués. Il y a eu certainement beaucoup plus de morts, et plus encore de déplacés.

Image de propagande pour l'"Opération Fontaine de Paix"

Image de propagande pour l'"Opération Fontaine de Paix"

La répression des pacifistes en Turquie

 

Si le député HDP de Nusaybin, Midhat Sancar, a pu protester ouvertement contre les pertes civiles et accusé l'Etat de ne rien faire pour protéger sa population, les voix qui se sont élevées contre la guerre ont été immédiatement réprimées.

Le 10 octobre, le procureur général d'Istanbul a émis une circulaire au contenu très clair : « Toute personne ou groupe de personnes qui s'en prendrait, dans les réseaux sociaux, à l' « Opération Source de Paix » entreprise par les Forces armées turques, à la paix sociale en Turquie, au calme, à la sécurité intérieure et à l'unité du pays, que ce soit par des écrits ou par des images, encourt l'application de la loi et des dispositions prévues par le Code pénal turc, la loi anti-terroriste et tout le dispositif légal existant ». Il était donc interdit de critiquer l'opération armée et la politique du gouvernement, sous peine de tomber sous le coup de peines disproportionnées. Aussi, dès le 10 octobre, 78 procédures étaient engagées, visant le plus souvent de simples partages d'informations sur les réseaux sociaux, qualifiés de « diffusion de nouvelles visant à instiller la haine parmi la population ». Notamment, des procédures ont été engagées à l'encontre de Pervin Buldan, vice-présidente du HDP et députée de 2015 à 2018, Sezai Temelli, universitaire et lui aussi vice-président du HDP, Gülistan Kılıç Koçyigit, députée HDP de Mus, Leyla Güven et Berdan Öztürk, vice-présidents du Congrès démocratique (DTK) et députés HDP.

Le même jour, 21 personnes ont été interpellées à Mardin et 23 à Istanbul ; le 11, onze personnes au moins ont été arrêtées à Izmir, toutes pour avoir partagé sur les réseaux sociaux. Parmi les interpellés d'Istanbul figuraient Hakan Demir, journaliste et responsable d'Internet au quotidien BirGün, et Fatih Gökhan Diler, journaliste à Diken et Agos, qui ont été remis en liberté le jour même. Le 13 octobre, le ministre de l'intérieur Süleyman Soylu annonçait que 500 personnes avaient été mises en examen, dont 121 étaient derrière les barreaux.

Le gouvernement, pour parer à toute contestation, a instauré le « régime spécial de sécurité » (özel güvenlik bölgeleri) dans quatorze sous-préfectures, s'étirant sur 200 km le long de la frontière, entre Suruç et Nusaybin. Il s'agit d'un statut spécial, édicté pour deux semaines et renouvelable, dérivé d'une loi remontant au régime militaire de 1981. Ce régime prétend gérer les « conséquences sociales et économiques » des régions « en proie au terrorisme ». L'accès y est interdit pour toute personne qui n'y exercerait aucune fonction officielle déterminée, sous peine de peines d'emprisonnement et/ou d'amendes. Les préfets peuvent en décider l'application avec l'aval du ministre de l'intérieur et du chef d'état-major général. Les déplacements deviennent difficiles voire impossibles, même pour les paysans et les éleveurs, ce qui favorise vols et pillages. Les militaires sont partout, la population doit garder le silence et marquer leur respect. L'enseignement est interrompu. Il est rigoureusement interdit de photographier, filmer et enregistrer de quelque manière dans ces zones, et tout reportage de presse est évidemment proscrit (cf. cet article sur bianet.org). Du reste, à partir du 10 octobre, les préfets interdisaient toute protestation publique contre la guerre, y compris dans l'ouest du pays.

Le HDP est la seule force politique manifestant, en bloc, son opposition à la guerre. Et partout, en Turquie, les responsables, militants et sympathisants du parti ont été la cible des coups de filets, comme à Suruç ou à Siirt. Des membres du parti kémaliste CHP ont toutefois réclamé la paix, comme le député Sezgin Tanrıkulu, qui a été mis en examen le 13 octobre pour avoir partagé sur les réseaux des informations sur les opérations militaires (Evrensel, 14 octobre 2019).

En cette mi-octobre, le HDP célébrait le septième anniversaire de sa fondation. A Besiktas, l'un des quartiers centraux d'Istanbul, les célébrations avaient été prévues au Centre culturel Mustafa Kemal, mais interdites par les autorités locales. Le 13 octobre, les responsables locaux du parti ont donné une conférence de presse devant le siège du parti, à Besiktas, puis ils ont voulu défiler dans les rues, en clamant des slogans pacifistes. La police, évidemment présente, est intervenue avec des gaz lacrymogènes et a procédé à l’arrestation de neuf personnes : Hüseyin Fidanboy, Mutlu Öztürk, Ali Edibali, Müslüm Kılıç, Mehmet Emin Elma, Songül Çelik, Sefa Alar, Necla Yıldız, Aydın Salış. Fidanboy est président de la section Küçükçekmece (sud-ouest d'Istanbul) du HDP, et Mutlu Öztürk est vice-président du parti pour Sisli (yenidemokrasi5.net, 14 octobre 2019).

Ces neuf personnes ont immédiatement été présentées au procureur de la république, au palais de justice de Çaglayan ; le procureur a requis l'emprisonnement pour chacun d'entre eux. Le tribunal a considéré leur slogan « Non à la guerre, la paix maintenant ! » comme un acte de « propagande pour une organisation » (örgüt propagandası) et la tentative de manifestaiton en cortège comme étant « en contravention avec la loi sur les réunions, les manifestations et les cortèges » (toplantı, gösteri ve yürüyüş kanununa muhalefet).

Novembre 2018, Mutlu Öztürk en conférence avec des enseignants, au Goethe Institut d'Istanbul

Novembre 2018, Mutlu Öztürk en conférence avec des enseignants, au Goethe Institut d'Istanbul

Mutlu Öztürk

 

L'une des neuf personnes arrêtées, Mutlu Öztürk, militant du HDP, était professeur d'histoire, il est retraité depuis peu. Au cours de sa carrière, son indépendance par rapport à l'institution, et sa liberté affichée par rapport à la doxa de l'histoire officielle, lui ont valu quelques déboires. Il a enseigné dans plusieurs lycées français d'Istanbul, comme Notre-Dame de Sion et Galatasaray. Il réfléchit continuellement à la pédagogie, et à la relation de la société à l'histoire. On le rencontre régulièrement dans les réunions et colloques sur l'historiographie turque et les relations entre histoire et mémoire en Turquie. Il a contribué à un ouvrage publié par la Fondation d'histoire (Tarih Vakfı) intitulé Approches critiques sur l'enseignement de l'histoire (Tarih Egitimine Elestirel Yaklasımlar, 2003) avec un chapitre sur « Les problèmes fondamentaux de l'enseignement de l'histoire en Turquie ».

Mutlu Öztürk, dont le visage est toujours illuminé par un beau sourire, était extrêmement apprécié par ses élèves, comme on peut le voir sur la rubrique le concernant dans le dictionnaire participatif en ligne eksi sözlük (voir ci-dessous). Il était un prof « pas comme les autres », qui ne préparait pas mécaniquement ses élèves à l'examen par des questions à choix multiples comme c'est de règle en Turquie. Il leur apprenait à réfléchir, il leur apprenait à apprendre, à critiquer, à évaluer un document, le résumer, le synthétiser. Il leur a donné un regard critique sur le récit historique officiel, et cela, comme je l'ai écrit souvent, est un sujet absolument crucial dans la Turquie du XXe siècle, le récit historique étant l'un des principaux masques de toutes les violences commises à l'égard des peuples « non turcs » d'Anatolie. Remettre en cause ce récit, c'est faire preuve d'un non-conformisme insupportable au pouvoir.

Au début de cet article, j'évoquais le conformisme, largement partagé dans la population de Turquie, en ce qui concerne les sujets sensibles : le génocide, la violence politique, la répression contre les mouvements kurdes, l'armée, la place de la religion dans la société et la vie politique... C'est pourquoi il est extrêmement important, pour la société turque – pour toutes les sociétés d'ailleurs – que des enseignants fassent ce travail de déconstruction d'un récit officiel, non seulement sous forme d'écrits scientifiques ou militants, mais dans leur pratique quotidienne face à leurs élèves, pour leur apprendre la critique historique.

Sur le plan politique, dans la Turquie actuelle, de telles personnes ne peuvent guère s'impliquer ailleurs qu'au sein du HDP, car non seulement ce parti est le seul vrai parti d'opposition, mais tous les autres (je ne parle même pas de l'AKP d'Erdogan ou des partis d'extrême-droite) ont une vision totalement instrumentalisée de l'histoire. Et dans ce processus d'instrumentalisation, il faut inclure la vision d'Atatürk et du kémalisme, qui servent d'écran empêchant depuis un siècle toute prise en considération honnête de l'histoire du pays – à commencer par le crime originel, le génocide des Arméniens.

C'est pourquoi, comme je le suggérais au début de cet article, tout est lié : la guerre, la paix, le professeur d'histoire.

Mutlu Öztürk et ses huit compagnons sont emprisonnés à Silivri, la plus grande prison d'Europe. Ils seront jugés au palais de justice de Çaglayan le 21 février.

Jusqu'à présent, je n'ai pas d'information sur les huit compagnons de Mutlu, et j'ignore s'ils vont rester en prison jusqu'au 21 février.

Fin novembre, au lycée Galatasaray, protestation en faveur de Mutlu Öztürk

Fin novembre, au lycée Galatasaray, protestation en faveur de Mutlu Öztürk

Voici quelques jugements d'élèves ou anciens élèves de Mutlu Öztürk, récoltés dans le dictionnaire participatif en ligne eksi sözlük https://eksisozluk.com/mutlu-ozturk—716984. Tous datent de la période 2003-2010.

2003 « [Mutlu Öztürk] est très différent des autres profs d'histoire, c'est une personne remarquable, qui aime son métier et le fait bien sentir à ses élèves ; c'est un professeur charismatique qui m'a fait aimer l'histoire ».

2004 « Il a travaillé pour la Fondation d'Histoire (Tarih Vakfı), puis si je suis bien renseigné, il est retourné au lycée. Il donnait de très bons cours d’histoire, qui ne collaient pas tellement à ce qu'on attend des profs d'histoire dans les écoles [turques] ».

2004 « Tout au long de mes années d'études, c'est dans sa classe que j'ai passé les plus beaux moments ».

2004 « On l'a éloigné du lycée Terakki de Sisli (Istanbul) sous divers prétextes. Mais c'est un super-prof, et c'est une honte par rapport à d'autres profs qui eux restent bien tranquillement dans les écoles, sans aucun profit pour les élèves ».

2004 « Il est maintenant au lycée de Galatasaray. Ce qui est dommage pour moi, c'est que je ne l'ai connu que lors de ma dernière année de lycée ; c'est mon plus cher professeur, un vrai grand-frère (abi) ».

2005 « Il n'enseigne pas conformément aux ÖSS [système d'examen par questions à choix multiples auquel sont entrainés mécaniquement les élèves]. Il enseigne à un niveau universitaire ; il vous apprend à résumer les documents, à faire des tableaux, des schémas, etc. Il anime des discussions passionnantes, enflammées. Les discussions entre élèves continuent après les cours... et reprennent au cours suivant. C'est une crème d'homme (seker gibi bir insandır). Nous l'aimons beaucoup. Si seulement tous les profs étaient comme lui...

2007 « C'est un plaisir immense de discuter avec lui ».

2008 « Jusqu'à présent c'est mon meilleur professeur. Il ne ressemble pas aux autres. Il ne fait pas apprendre par cœur comme c'est d'usage [en Turquie], il ne fait pas comme les profs classiques qui utilisent le manuel, il nous apprend la bonne façon pour comprendre et apprendre. C'est un super prof ! »

2009 « C'est un prof incomparable (essiz) ».

2010 « C'est grâce à lui que je suis ce que je suis ».

Sur les photos du haut, en juin 2019, des manifestants, au lycée de Galatasaray, réclament la libération du mathématicien lyonnais Tuna Altınel, et de l'historienne Füsun Üstel; parmi eux, Mutlu Öztürk. Photos du bas: même lieu, même année, mais en novembre; les manifestants réclament la libération de Mutlu Öztürk; parmi eux, Tuna Altınel

Sur les photos du haut, en juin 2019, des manifestants, au lycée de Galatasaray, réclament la libération du mathématicien lyonnais Tuna Altınel, et de l'historienne Füsun Üstel; parmi eux, Mutlu Öztürk. Photos du bas: même lieu, même année, mais en novembre; les manifestants réclament la libération de Mutlu Öztürk; parmi eux, Tuna Altınel

Sources

10 octobre 2019 http://bianet.org/bianet/siyaset/214237-harekatla-ilgili-paylasim-yapan-78-kisi-hakkinda-islem-baslatildi (en anglais : https://bianet.org/english/politics/214245-legal-action-against-78-people-due-to-their-messages-about-syria-operation)

http://bianet.org/bianet/siyaset/214255-hdp-hdk-ve-dtk-ya-baris-pinari-sorusturmasi

http://bianet.org/bianet/militarizm/214262-urfa-valiligi-sinir-hattinda-roportaj-yapan-ve-goruntu-alanlara-islem-baslatilacak

https://bianet.org/english/militarism/214271-kocaeli-governorship-bans-demonstrations-against-syria-operation

11 octobre http://bianet.org/bianet/militarizm/214302-izmir-de-baris-pinari-harekati-paylasimlarina-11-gozalti

12 octobre2019  http://bianet.org/bianet/siyaset/214385-erdogan-acikladi-operasyonda-2-asker-ve-18-sivil-hayatini-kaybetti

13 octobre 2019 http://bianet.org/bianet/insan-haklari/214384-hdp-mardin-vekili-mithat-sancar-nusaybin-de-12-kisi-hayatini-kaybetti

14 octobre 2019 https://bianet.org/bianet/militarizm/214408-baris-pinari-harekati-sinirdaki-kentler-sorusturmalar-yasaklar

http://bianet.org/bianet/militarizm/214291-urfa-ve-mardin-de-biri-bebek-yedi-kisi-oldu

http://bianet.org/bianet/militarizm/214374-suruc-ve-nusaybin-de-dokuz-sivil-oldu

14 octobre 2019 http://siyasihaber4.org/hdp-sisli-ilce-esbaskani-mutlu-ozturk-ve-8-hdpli-tutuklandi-suclari-baris-istemek

https://www.demokrathaber.org/guncel/besiktas-ta-gozaltina-alinan-9-hdp-li-tutuklandi-h119818.html

http://bianet.org/bianet/insan-haklari/214436-besiktas-ta-gozaltina-alinan-9-hdp-li-tutuklandi

29 novembre 2019 https://medyascope.tv/2019/11/29/ogretmen-mutlu-ozturk-46-gundur-tutuklu-iddianame-hazir-degil-hukuksuzluga-itiraz-ediyoruz/

1 décembre 2019 https://www.artigercek.com/haberler/hdp-li-ozturk-un-tutuklu-yargilanmasina-galatasaray-lisesi-nden-tepki?fbclid=IwAR0UL0my7JsJEg9CEj8FO3uiExOCV9tpf7vvwuzDTOdehQc6-6t9ilgBraw

https://www.artigercek.com/haberler/galatasaray-lisesi-nde-mutlu-hocaya-ozgurluk-pankarti

https://t24.com.tr/haber/bir-turkiye-iki-fotograf-galatasaray-lisesi-nin-onunde-bir-sene-arayla-iki-farkli-ozgurluk-talebi,850392

Circulaire des procureurs généraux d'Istanbul et Ankara (10 octobre 2019) : http://www.istanbul.adalet.gov.tr/basin_aciklamalari/20191010.pdf

https://twitter.com/freemutluhoca

#mutluhocayaözgürlük #siyasitutsaklaraözgürlük

https://twitter.com/TunaALTINEL/status/1204062467648884736

#mutluhocayaözgürlük

voir aussi http://www.norzartonk.org/%E2%80%9Cbu-tortuyu-temizlemek-cok-zaman-alir%E2%80%9D/

https://t24.com.tr/haber/bir-turkiye-iki-fotograf-galatasaray-lisesi-nin-onunde-bir-sene-arayla-iki-farkli-ozgurluk-talebi,850392

 

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