Mai 1968, mai 1998 – Une pelote mémorielle
Dernière mise à jour : 2 mai 2013
Le 1er mai 1997 ne ressemble pas à celui de l’année précédente. Cette fois, les défilés ont été autorisés à Abide-i Hürriyet, un jardin public vaste mais clos, loin du centre, à Sisli, un endroit facilement contrôlable par les forces de l’ordre. Les jours précédents, la crainte était sensible dans la presse : Cumhuriyet avait à nouveau remis en mémoire la manifestation tragique de 1977. Le premier mai, Zaman exprimait en manchette « La crainte des provocations », et rappelait les violences de l’année précédente par la photo de la fille aux tulipes, en rappelant le lourd bilan de 1996.
Le défilé officiel, organisé par les grandes centrales, se déroule calmement dans les grandes allées de Abide-i Hürriyet, entre deux rangs de policiers casqués. Les banderoles revendiquent la liberté, la démocratisation de l’enseignement, ou plus précisément la poursuite des « assassins du premier mai ». Mais des thèmes nouveaux apparaissent, comme la dissolution des « équipes spéciales » (özel tim), des forces d’intervention rapides (çevik kuvvet), du JITEM (service de renseignements de la gendarmerie), trois organismes extrêmement répressifs contre la guérilla kurde et les mouvements sociaux.
1997, l’homme aux œillets
Mais dans la foule estimée à 50 000 personnes, il y a des éléments « non officiels ». De sympathiques groupes de jeunes défilent avec guitares et portraits de victimes de la répression, dont celui de Metin Göktepe, le journaliste battu à mort par la police en janvier 1996. Les Kurdes se distinguent par les robes des femmes, aux couleurs de leur drapeau. D’autres groupes, d’extrême gauche, ont réussi à passer les barrages filtrants et sont plus revendicatifs ; ils sont aussi des cibles plus faciles pour la police, n’étant ni encadrés ni protégés par les services d’ordre des centrales syndicales. Aussi, fatalement, des incidents éclatent, les matraques s’abattent sur les jeunes, garçons et filles, et ce sont des visages ensanglantés qui couvrent les unes des quotidiens du 2 mai. Un groupe de jeunes aux visages couverts par des foulards rouges réplique à la police à coups de lance-pierres. Par ailleurs, un groupe de 150 jeunes du DHKP-C, en uniforme, défile en ordre militaire dans le quartier voisin de Çaglayan.
Mais la journée se déroule, comme dit la presse, olaysız, « sans incident », les coups de matraques et les blessures étant sans commune mesure avec les meurtres de l’année précédente.
La place de Taksim était restée interdite et sous contrôle. Comme d’habitude, une gerbe faite d’œillets rouges et blancs avec la seule mention « 1 Mayıs » a été déposée au pied du monument.
Mais quelques jours plus tard, Radikal présentait à ses lecteurs le portrait d’un curieux personnage, photographié en costume et cravate dans sa salle à manger, devant un buffet orné de portraits d’Atatürk et d’Ugur Mumcu. Un homme modeste, aux allures d’employé modèle. Il s’agit de Halil Oyman, qui, depuis 1988, obstinément, et seul, franchissait les barricades de protection et disposait des œillets rouges sur la place de Taksim, ou les accrochait aux arbres proches du monument. En 1991, il avait été arrêté et battu par la police, à la caserne de Rami. Et en 1997, comme toujours, il a été interpellé 1. C’était un vieux militant socialiste, soixante-huitard, un des fondateurs du Türkiye Birlesik Komünist Partisi (Parti communiste unifié de Turquie). Cet homme courageux, qui avait aussi milité à l’Isçi Partisi (Parti des travailleurs), est décédé le 31 décembre 2008.
Trente ans après 1968, le souvenir obsédant de Deniz Gezmis
Justement, en 1998, le premier mai est revêtu d’une coloration différente, due en partie aux initiatives du Parti des travailleurs et de l’Union des soixante-huitards (68’liler Birligi Vakfı). Une incroyable collision se produit alors entre les souvenirs : mai 1968, 1er mai 1977, exécution de Deniz Gezmis et ses compagnons Yusuf Aslan et Hüseyin Inan (6 mai 1972), souvenirs militants et révolutionnaires qui se mêlent en outre avec les commémorations officielles et kémalistes du 19 mai, du 30 octobre et même du 10 novembre. Deniz Gezmis, militant révolutionnaire, est le symbole de ces années 1970, caractérisées par les luttes sociales, l’anti-impérialisme et la violence politique. La mémoire du condamné à mort venait d’être réactivée par la sortie d’un film de Reis Çelik, Hosçakal Yarın 2. Il devenait une icône.
A l’approche du premier mai 1998, les souvenirs de 1968 se densifient. Cumhuriyet propose une série intitulée « De 68 à 98 » et annonce les commémorations qui auront lieu en 1998 3 ; Serpil Güvenç, de l'Union des soixante-huitards, présente une initiative conçue comme un hommage à Deniz Gezmis, à ses compagnons et aux quelque 10 000 socialistes battus, torturés, enlevés, ou assassinés depuis trente ans 4 : il s’agit de refaire une « Marche pour une Turquie indépendante et démocratique » de Samsun à Ankara, du 1er au 6 mai, réédition en fait de la « Marche Mustafa Kemal pour une Turquie complètement indépendante (Tam bagimsiz Türkiye için Mustafa Kemal yürüyüsü) », conduite par Deniz Gezmis lui-même en 1968, du 30 octobre au 10 novembre.
Mais cette marche de 1968 était elle-même conçue comme une sorte de réinterprétation de la « longue marche » de Mustafa Kemal pour la reconquête de l’Anatolie de 1919 (débarquement à Samsun) à 1920 (première réunion de l’Assemblée nationale à Ankara). Elle avait été effectuée entre deux dates éminemment symboliques, celle de la fête nationale, fin octobre (proclamation de la république, 1923), et celle du décès d’Atatürk, le 10 novembre (1938). Que de symboles entremêlés ! Chaque événement, chaque initiative rebondit sur d’autres souvenirs, en cascade : c’est toute l’histoire de la Turquie contemporaine qu’on retrouve à partir de la simple évocation du 1er mai 1998 ! Par effet rétroactif, le processus de création de la république kémaliste avait été revisité comme inspirateur d’un mouvement révolutionnaire anti-américain en 1968, puis, en 1998, comme mouvement anti-répressif et anti-islamiste. En outre, l’emploi de l’expression « longue marche » renvoie évidemment à la geste maoïste tandis que, dans le langage politique de 1997-1998, l’expression « nouveau combat national » (« yeni Millî Mücadele », « yeni Kuva-yi Milliye »), renvoyant à la geste kémaliste de 1919-1922, fait florès, à droite comme à gauche. L’histoire est une pelote indémêlable.
Il existe donc trois étages dans le processus mémoriel : 1998 renvoie aux années 68-70, qui renvoient à 1919. Durant les jours qui précèdent le premier mai 1998, les rétrospectives se succèdent. Le 29 avril, Milliyet remémore à ses lecteurs une affaire de la fin des années 1960, celle de la 6e flotte américaine, mouillée à Istanbul, contre laquelle la gauche anti-impérialiste avait violemment et longuement protesté, depuis juin 1967 jusqu’à l’événement dramatique du « dimanche sanglant » survenu place de Beyazit le 16 février 1969. Ce mouvement de longue durée s’était plutôt focalisé sur l’occupation de la faculté d’histoire, de géographie et de langues (DTCF) d’Ankara, du 10 au 26 juin 1968. Pourtant, c’est l’occasion du 1er mai que saisit Milliyet pour son reportage. C’est dire que cette date est, en Turquie, une sorte de concrétion temporelle qui appelle le souvenir de multiples événements 5. C’est une mémoire qui agit, puisque la revendication de l’abolition de la peine de mort est fortement réactivée en ce printemps 1998.
Le défilé du 1er mai 1998
Le défilé du 1er mai 1998 a lieu, comme l’année précédente, dans le parc d’Abide-i Hürriyet. C’est « un premier mai à deux visages », comme le souligne Milliyet le lendemain : un défilé officiel, conduit par les centrales Türk-Is, DISK, Hak-Is et KESK, une foule calme, encadrée, qui profère des slogans consensuels : « Vive la Turquie démocratique ! », « Travail, emploi, liberté ! », « Vive le 1er mai ! ». La représentation photographique est pareille à elle-même, d’un défilé sans histoire entre deux imposantes haies de policiers casqués : à Abide-i Hürriyet, point d’autre public ! L’autre « visage » est celui des « provocateurs », comme les appelle Milliyet, groupes informels ou groupes appartenant à des « organisations illégales ». C’est un défilé plus animé ! La photo de Milliyet, placée en regard de celle du défilé officiel, montre le désordre des jeunes gens qui courent, fuyant le canon à eau d’un blindé qui précède une imposante masse noire de policiers. Malgré les contrôles, un groupe d’environ 150 « provocateurs » du DHKC a réussi à s’infiltrer ; ils ont revêtu leur uniforme, chemise blanche, foulard rouge sur le visage : on repense à 1996.
Pourtant, ce fut à nouveau un 1er mai olaysız, sans histoires : pas de mort, « seulement » 52 blessés dont 19 policiers, et 267 interpellations. A Taksim, comme d’habitude, une seule gerbe d’œillets rouges frappée de l’inscription « 1er mai » en blanc, déposée par les syndicats et les partis.
Et, tandis que se déroulent les manifestations du 1er mai, une autre commémoration se déroule, qui renvoie non pas à 1977, mais à 1968 et 1972… et à 1919 !
De Samsun à Ankara : la marche des Soixante-huitards
Le temps des commémorations est un peu distordu, puisque le 1er mai débute cette marche qui commémore l’autre, celle de 1968, qui avait eu lieu en novembre, la « Marche Mustafa Kemal pour une Turquie complètement indépendante ». Sur la photo d’archive qui illustre l’article de Milliyet, Deniz Gezmis ouvre la marche en brandissant le drapeau turc. Car, à cette époque déjà, une partie de la gauche radicale se glisse dans le cadre mémoriel national et kémaliste, et le « combat national » est invoqué, convoqué comme modèle de combat anti-impérialiste. La marche de 1968 dénonce le principal impérialisme du moment, les Etats-Unis, et celle de 1998 choisit la même cible. Les anciens soixante-huitards prennent la relève : « Les soixante-huitards sont toujours jeunes ! (Onlar hep genç !) » proclame le titre de Milliyet. Relève de Deniz Gezmis et relève de Mustafa Kemal : toujours la mémoire à trois étages.
Ce premier mai donc, soixante-huit soixante-huitards prennent le départ, portant des maillots à l’effigie de Deniz Gezmis. Tout au long de leur marche, ils sont accueillis par « une pluie de fleurs », selon Milliyet (3 mai). Leur slogan est bien sûr l’un de ceux de 1968, « A bas l’impérialisme ! », qui leur semble toujours d’actualité. En effet, aux yeux d’une partie de la gauche, la « réaction religieuse » serait le dernier avatar de l’impérialisme américain, qui aurait compté affaiblir le pays par ce moyen. Le gouvernement islamiste du Refahyol avait été évincé du pouvoir presque un an plus tôt, mais le danger était jugé toujours aussi grand.
Le 6 mai, jour anniversaire de l’exécution de Deniz Gezmis, la marche parvient à Ankara. D’après la photographie publiée par Sabah et l’article de Milliyet, ils sont bien encadrés par les forces anti-terroristes et les forces d’intervention rapide 6.
Au premier rang du défilé, comme en 1968, pas de symbole révolutionnaire mais seulement le drapeau turc, considéré peut-être comme un symbole révolutionnaire satisfaisant. Accueilli par les responsables du CHP et de l’IP, rejoint par le metteur en scène et les acteurs de Hosçakal Yarın, enflant sans cesse sur son parcours, le cortège se rend au cimetière de Yenimahalle où se trouvent la tombe de Deniz. Au cours de la cérémonie, organisée par l’Emek partisi, les assistants déposent des œillets rouges, mais aussi, des verres de thé, des cigarettes… Certains baisent la tombe. Cemil et Mukaddes Gezmis, les parents de Deniz, sont là, et ils déposent sur la tombe de leur fils de la terre provenant de celle d’Ibrahim Kaypakkaya, autre militant tué 7, « pour unir les révolutionnaires ».
Encore une fois, quel bouquet de symboles et de souvenirs ! Peu de symboles révolutionnaires, d’ailleurs, mais surtout le drapeau national qui est ici le signe de l’anti-impérialisme ; la symbolique du nombre (68), celle du lieu de départ qui renvoie à la saga de Mustafa Kemal, parti de Samsun en 1919 pour conquérir l’Anatolie, et la figure de Mustafa Kemal, perçu ici comme le grand anti-impérialiste ; la symbolique du lieu d’arrivée et les multiples actes accomplis sur les tombes, avec ce rituel très courant du dépôt d’une motte de terre ; enfin les acteurs (sociétés, partis de gauche et d’extrême gauche, le metteur en scène de Hosçakal Yarın)… pour ne pas parler du thème latent de la « longue marche ».
C’est comme si la célébration du 1er mai, trop officielle, trop confinée, s’était déplacée et étirée dans le temps. En 1998, trentenaire de 1968, c’est le mois de mai qui est célébré, et avec lui, une multiplicité d’événements, de rêves, de héros « martyrs ».
De Samsun à Ankara : la marche des Jeunesses d’Avant-Garde (Öncü Gençlik)
Je ne veux pas ici m’étendre sur la célébration du 19 mai ; j’y consacrerai un autre article. Mais la proximité chronologique entre 1er et 19 mai permet une « passerelle » commémorative entre les deux journées. Elle est établie par le Parti des travailleurs de Dogu Perinçek et son organisation de jeunesse, l’Öncü Gençlik (ÖG). L’élément symbolique central est encore la figure de Deniz Gezmis. La passerelle est jetée entre une commémoration plus ou moins interdite, le 1er mai, et une autre on ne peut plus officielle, le 19. La date intermédiaire du 6 mai, anniversaire de la pendaison de Gezmis, sert de relais temporel, entre le souvenir du martyre de trois jeunes par un pouvoir militariste, et la Fête de la jeunesse célébrée par un pouvoir qui n’a pas fondamentalement changé. Les paradoxes sont nombreux, le Parti des travailleurs fait un exercice de grand écart assez difficile, mais apparemment réussi puisqu’il se hisse, avec cette initiative, au niveau officiel.
Le 19 mai est à la fois Fête de la jeunesse et des sports et anniversaire du débarquement de Mustafa Kemal à Samsun, date symbolique du début de la Guerre de libération qui aboutit à la fondation de la république. C’est pourquoi Samsun avait été choisi comme point de départ de la marche de Deniz Gezmis en 1968… mais en novembre. Comme l’Union des soixante-huitards, le Parti des travailleurs replace son initiative dans un cadre temporel plus adapté aux deux événements de référence, la date de l’exécution (le 6) et celle du débarquement de Kemal (le 19).
Le Parti des travailleurs se veut plus nettement kémaliste que l’Union des soixante-huitards. La marche, qui était organisée depuis 1996, se termine non pas sur la tombe de Gezmis mais au Mausolée d’Atatürk à Ankara. Et le drapeau qui ouvre la marche est remis solennellement au président de la république au cours des cérémonies officielles du 19 mai.
En 1997, la marche de l’Öncü Gençlik avait revêtu un fort caractère laïque, en raison des circonstances : une semaine plus tôt avait eu lieu l’immense manifestation islamiste de la place Sultanahmet à Istanbul. « La Turquie traverse une période critique, déclarait Sadık Usta, président de l’ÖG. Le pouvoir politique est aux mains des mafias et des confréries religieuses (tarikat), et grâce au soutien de l’Amérique, ce pouvoir mafieux-religieux nous entraîne vers une catastrophe politique, économique et sociale ». Alors qu’en 1996 on comptait une soixantaine de participants, en 1997 ce sont 200 jeunes qui partent du Monument du premier pas à Samsun, accompagnés jusqu’à la sortie de la ville par une foule de sympathisants du Parti des travailleurs 8. A chaque étape, les marcheurs rendent hommage au Fondateur devant le monument local. Lors de l’arrivée dans une ville, les jeunes coureurs portent un drapeau géant à l’horizontale, précédés par un groupe de trois : deux filles encadrant un garçon, qui tient entre ses mains un fanion triangulaire, celui qui est offert au président de la république à Ankara.
En 1998, leur nombre est passé à 500. C’est toujours l’héritage de Deniz Gezmis qui est revendiqué 9. L’allégeance au kémalisme étant très nette, des délégations de l’Association pour la pensée d’Atatürk (Atatürkçü Düsünce Dernegi) participent à la marche. La filiation avec l’initiative de 1968 est surtout marquée par la dénomination anti-impérialiste de la marche : « Marche pour une Turquie complètement indépendante (Tam bagimsiz Türkiye için yürüyüsü) ». L’islamisme a été évincé du pouvoir, mais l’agitation se poursuit en cette année 1998, notamment en faveur de la liberté vestimentaire et du port du voile, et pour la liberté de l’enseignement religieux. C’est une période de nombreuses et fortes manifestations dans lesquelles cette gauche voit toujours la marque de l’impérialisme américain : « Les Etats occidentaux, proclame Dogu Perinçek le 19 mai, essaient de restaurer la charia dans notre pays. Ce que nous vivons chaque jour ressemble à la période de la guerre de libération 10 ».
L’initiative du 19 mai, tant en 1997 qu’en 1998, est la marque d’une union temporaire de toutes les forces anti-islamistes. Son point focal est l’offrande du drapeau venu de Samsun au président de la république, un détail du protocole qui est évidemment préparé et accepté par les autorités. Ainsi, paradoxalement, le Parti des Travailleurs s’insère dans un cercle de proximité avec le pouvoir, malgré ses références répétées à Deniz Gezmis, exécuté par un pouvoir de même nature.
La tonalité donnée aux festivités du 75e anniversaire de la république, quelques mois plus tard, est-elle un effet de cet étrange consensus entre partis de gouvernement et extrême-gauche kémalo-nationaliste ? Ces festivités, et le culte d’Atatürk en général, cette année-là, ont pris un tour étrangement maoïste…
Nous avons glissé du 1er mai au 19 mai, entre deux célébrations de nature bien différente, mais dont la proximité temporelle a permis, en 1997 et 1998, une sorte de commémoration permanente mêlant des souvenirs révolutionnaires, syndicaux, historiques, et tournée vers un ennemi nébuleux, « impérialiste », « mafieux », « islamiste ». C’est un bloc commémoratif hanté par la violence : l’ensemble de la violence politique des années soixante-dix, celle des 1er mai 1977 et 1996, la violence de l’appareil répressif (police et justice, exécutions par pendaison)… Une violence qui se rappelle constamment à l’esprit des Turcs de cette époque puisque le 12 mai 1998 – juste entre les deux fêtes – un événement secoue à nouveau le pays, l’attentat contre Akın Birdal, président de la Ligue des droits de l’homme, transpercé de balles. Büyük geçmis olsun, il en a réchappé.
De 2010 à 2012, le premier-mai a été autorisé officiellement, et s'est déroulé sans incidents. En 2013, à Istanbul, ce furent à nouveau les canons à eau, les gaz lacrymogènes, les tirs tendus et les violences policières. Voir sur yollar.blog:
Notes :
1 Radikal, 5 mai 1997, et site du Parti des travailleurs, http://www.ip.org.tr.
2Cf. l’entretien de Nilgün Cerrahoglu avec Çelik, Milliyet, 3 mai 1998.
3 « 68’den 98’e », Cumhuriyet, 8 avril 1998.
4 Serpil Güvenç, écrivaine et traductrice, est la fille de Halit Çelenk, l’avocat de Deniz Gezmis.
5 « 30. yılında 68 tebessümü », Milliyet, 29 avril 1998.
6 Sabah, Cumhuriyet et Milliyet, 7 mai 1998.
7 Ibrahim Kapakkaya (dit « Ibo », 1949-1973) était l’un des fondateurs, en 1972, du TKP-ML (Parti communiste marxiste-léniniste de Turquie). Il est mort en prison, sous la torture ou assassiné.
8 Cumhuriyet, 18 mai 1997.
9 Milliyet, 15 mai 1998.
10 Cemil Cigerim, « Bagimsizlik için yürüdüler », Cumhuriyet, 18 mai 1998, et 19 mai 1998.