Communiqué du GIT France (http://www.gitfrance.fr/ ), 10 avril 2012
Ragıp Zarakolu et quatorze autres personnes emprisonnés en vertu de l’application de la loi anti-terreur ont été libérés aujourd’hui mardi 10 avril. Ainsi en a décidé la 15e cour pénale d’Istanbul. Il avait été arrêté, en même temps que la constitutionnaliste Büşra Ersanlı et quarante-huit autres personnes le 28 octobre 2011 et détenu dans la prison de haute sécurité de Kocaeli. Le 19 mars 2012, le Procureur public d’Istanbul, Adnan Çimen, avait requis respectivement 15 à 22,5 ans d’emprisonnement contre Büşra Ersanlı pour son rôle comme « responsable d’une organisation illégale » et 7,5 à 15 ans Ragıp Zarakolu pour avoir « soutenu et aidé une organisation illégale ».
L’acte d’accusation de 2 400 pages a été transmis au tribunal (15e cour). 193 personnes étaient visées par les actes d’accusation, dont 147 détenus préventivement. La libération de Ragıp Zarakolu, de la journaliste du quotidien kurde Özgür Gündem et des 13 détenus (ainsi que six personnes dont une journaliste de l’agence kurde DIHA dont l’élargissement a été prononcé par un tribunal de Van), est une première victoire et le résultat d’une intense mobilisation internationale et nationale dont le GIT et ses différentes branches en Turquie, aux Etats-Unis, en France, en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Suisse, en Italie, en Grèce, ont pris toute leur part.
Ce premier succès en appelle d’autres, et d’abord la libération de tous les prisonniers d’opinion en Turquie à commencer par notre collègue universitaire Büşra Ersanlı, par le doctorant de sciences politiques Deniz Zarakolu et par bien d’autres étudiants détenus au terme d’un usage exorbitant d’une loi d’exception. L’abandon des poursuites demeure l’objectif de ceux qui se battent pour la liberté de recherche et d’enseignement en Turquie. Car les charges demeurent pour tous les inculpés, et les libérations d’aujourd’hui ne sont que conditionnelles.
Le procès de Ragıp Zarakolu est toujours prévu pour le 2 juillet à Silivri. Sa libération pourrait cependant être en relation avec le vide du dossier d’accusation, en dépit des efforts du procureur pour convaincre du contraire. En prison, Ragıp Zarakolu n’a cessé de se battre, de correspondre avec ses amis, d’aider ses co-détenus. Nul doute qu’en liberté, il continuera ce combat qui l’honore depuis tant d’années.